De grandes avancées, de grands oublis

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres et partenaires d’Algérie, du Congo-Brazzaville, de RDC et de Tunisie étaient présentes au Forum de participation des ONG et à la 42ème session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) qui se sont tenus à Brazzaville du 10 au 28 novembre 2007.

La FIDH se félicite de l’adoption par la CADHP de 18 résolutions, et notamment sur les prochaines élections et la situation de la liberté d’expression au Zimbabwe, et sur plusieurs thématiques : sur les migrations en Afrique, la responsabilité de protéger, les violences sexuelles, les défenseurs des droits de l’Homme, la ratification de la Charte africaine sur la Démocratie, les élections et la gouvernance ainsi que sur les peuples autochtones et les peuples indigènes en Afrique.

La FIDH et ses organisations membres et partenaires qui se sont particulièrement investies pour promouvoir ces thématiques auprès de la CADHP considèrent qu’avec ces décisions la CADHP franchit une nouvelle étape importante en prenant position pour la première fois sur des problématiques sensibles pour le continent africian.

La CADHP a examiné les rapports d’États de l’Algérie, du Rwanda et de la Tunisie. La FIDH et ses organisations membres et partenaires, le Collectif de famille de disparus en Algérie et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), ont fournit des rapports alternatifs et des notes d’information sur la situation des droits de l’Homme dans ces pays qui ont notamment permis aux commissaires de poser de très nombreuses questions aux représentants de ces trois États sur la liberté d’association, d’expression, le système judiciaire, la situation des femmes et des défenseurs des droits de l’Homme. Une attention particulière a été portée, par les commissaires, sur les conséquences pour les familles de disparus et pour les défenseurs des droits de l’Homme de l’adoption de la Charte sur la réconciliation en Algérie ; sur la liberté d’association et d’expression des organisations indépendantes de la société civile en Tunise et sur la liberté d’expression et le système judiciaire au Rwanda. La FIDH remarque la qualité des débats qui a prévalu au cours de l’examen par la CADHP du respect par les États examinés des droits garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples.

La FIDH déplore cependant que la CADHP ne se soit pas prononcée sur l’importante question des disparitions forcées en Afrique. L’année de l’adoption de la Convention des Nations unies sur les disparitions forcées, alors que l’Algérie était examiné et que la Congo-Brazzaville accueillait cette 42ème session – deux pays où le phénomène des disparitions forcés est une question nationale – il aurait été symboliquement fort que la CADHP adopte une position de principe contre ce fléau. De même, la FIDH regrette l’attitude des autorités congolaises qui, en invitant la CADHP à Brazzaville avait une occasion historique de poser des actes concrets en faveur des droits de l’Homme au Congo et en particulier à l’égard des familles des disparus du Beach, et qui ont préféré interdire la commémoration pacifique que souhaitait organiser la FIDH, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) et le Collectif des familles des disparus du Beach en mémoire des victimes sur les lieux même de la tragédie. Cet acte constitue une nouvelle insulte à la mémoire des victimes [1]

Enfin, la FIDH regrette que la Commission n’ait pas non plus pris position sur les graves violations des droits de l’Homme perpétrées en Somalie, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et bien sur au Darfour.

La FIDH regrette que la CADHP n’ait pas réaffirmé, par une déclaration, son appel au Sénégal afin qu’il accélère la mise en oeuvre rapide de la décision de l’Union africaine en faveur du jugement de l’ex-président tchadien, Hissène Habré.

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