Mali : la FIDH et l’AMDH condamnent l’exécution d’au moins six personnes à Tin Hama dans le cercle d’Ansongo

02/06/2015
Communiqué
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Le 21 Mai 2015 à Tin Hama dans le cercle d’Ansongo, région de Gao, six personnes dont deux humanitaires ont été exécutées par des éléments armés.

La FIDH et l’AMDH condamnent cet acte qui constitue une violation grave des droits humains ; appellent les belligérants à respecter strictement les règles du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme ; et le gouvernement à mener des enquêtes impartiales afin de saisir la justice et juger les auteurs de ces crimes.

Le jeudi 21 mai 2015, six personnes civiles dont deux humanitaires ont été exécutées dans la localité de Tin Hama à la suite d’affrontements opposant la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) aux forces armées maliennes et au Groupe d’Autodéfense Touareg Imrad et Alliés (GATIA) dans la commune rurale de Tim Hama située à une cinquantaine de kilomètre d’Ansongo dans la région de Gao selon des sources confirmées par l’AMDH et la FIDH. Les combats de Tin Hama ont par ailleurs engendré le déplacement d’au moins trente familles issues notamment de la communauté Kel Elssouk.

Selon les forces de la CMA, les exécutions ont été le fait d’éléments des Forces armées maliennes (FAMA) tandis que le gouvernement a annoncé, par voie de communiqué le 22 mai que les FAMA étaient uniquement intervenues pour mettre fin aux combats entre les éléments de la CMA et du GATIA dans la localité et leur attribue la responsabilité des exactions.

Ces décès sont des exécutions sommaires et extra-judiciaires de personnes civiles qui constitueraient par conséquent, des crimes de guerre dont les auteurs devraient être poursuivis par la justice malienne et le cas échéant la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête sur la situation au Mali à la demande du gouvernement en juillet 2012.

Nos organisations exhortent les autorités maliennes avec l’appui de la communauté internationale à ouvrir des enquêtes dans les plus brefs délais pour faire la lumière sur cet évènement et les autres cas de violations graves des droits humains, et le cas échéant, poursuivre leurs auteurs.

Cet évènement survient dans un contexte marqué par de multiples violations par toutes les parties au conflit de l’accord du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et de la déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014. Ces actes sont de nature à menacer le processus de paix ayant déjà connu une étape importante avec la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger par le gouvernement du Mali, la Plateforme, la CPA et l’équipe de la médiation internationale, le 15 mai 2015 à Bamako et son paraphe par la Coordination des Mouvements de l’Azawad le 14 mai 2015 à Alger.

Nos organisations invitent toutes les parties à un respect strict des accords de cessez-le-feu et à ne ménager aucun effort pour une application effective et entière de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ; et encouragent la CMA à signer ledit accord dans les plus brefs délais en vue du retour d’une paix définitive et durable tant attendue par les populations maliennes et garantie de l’accès aux services sociaux de base.

Depuis plusieurs mois, les groupes armés de la CMA et du GATIA d’une part, et la CMA et les FAMA, d’autre part, s’affrontent pour le contrôle des localités du Nord où ils commettent de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire qui ont déjà fait plus de 150 morts et des dizaines de blessés. Après plusieurs mois de négociations à Alger, un Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a été signée le 15 mai 2015 à Bamako par le gouvernement du Mali, la Plateforme, la CPA et l’équipe de la médiation internationale, tandis que la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) ne l’a, pour le moment, que paraphé, le 14 mai 2015 à Alger.

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