Appel à l’établissement des responsabilités et à la justice pour les victimes du déversement des déchets toxiques en Côte d’Ivoire

Six mois après le dépôt d’une plainte pénale à Paris et l’ouverture quasi immédiate d’une enquête préliminaire, la FIDH et ses ligues membres en France, la LDH, et en Côte d’Ivoire, la LIDHO et le MIDH, appellent à la poursuite des responsables et à la justice pour les victimes du déversement des déchets toxiques en Côte d’Ivoire d’août 2006.

La FIDH, la LDH, la LIDHO et le MIDH se félicitent de l’ouverture par le Parquet du Tribunal de grande instance de Paris d’une enquête préliminaire concernant l’affaire du déversement des déchets toxiques en Côte d’Ivoire en août 2006, menée par le Pôle santé du Parquet. Elle est intervenue peu après le dépôt par un collectif de six avocats du Groupe d’action judiciaire (GAJ) de la FIDH d’une plainte, au nom de vingt victimes ivoiriennes, notamment contre la société Trafigura et deux de ses dirigeants.

Le 29 juin 2007, une plainte avait, en effet, été déposée auprès du Tribunal de grande instance de Paris contre deux dirigeants français de la société Trafigura pour administration de substances nuisibles, homicide involontaire, corruption active des personnes relevant d’Etats étrangers et d’organisations internationales publiques et infraction aux dispositions particulières de mouvements transfrontaliers de déchets.

Suite à une mission à Abidjan en janvier 2007 et en concertation avec les organisations membres de la FIDH en Côte d’Ivoire et en France, la FIDH a décidé de soutenir vingt victimes ivoiriennes, domiciliées ou travaillant proche des sites contaminés en particulier ceux situés dans la commune d’Abobo à Abidjan, souhaitant porter plainte en France. Un collectif de six avocats, composé d’avocats de Côte d’Ivoire, de France, du Togo et de la République centrafricaine. s’est ainsi formé pour les représenter en France.

Cette plainte s’inscrit en complémentarité avec les autres plaintes au civil et au pénal relatives à cette affaire déposées ces derniers mois au nom de victimes ivoiriennes devant différentes juridictions européennes.

L’enquête préliminaire suit son cours, alors que les autorités de Côte d’Ivoire connaissent des difficultés dans la mise en oeuvre du protocole d’accord conclu avec Trafigura en février 2007, qualifié par la FIDH et ses ligues membres en Côte d’Ivoire, la LIDHO et le MIDH, de transaction au détriment de la vérité, de la justice et de la réparation pour les victimes. [1] En effet, toutes les victimes ne bénéficient pas des « indemnisations » distribuées au compte goutte et avec des retards grandissants par l’Etat ivoirien. En outre, plus d’un an après le déversement des déchets toxiques, certains sites contaminés ne semblent toujours pas avoir été effectivement dépollués.

Le déversement des déchets toxiques à Abidjan dans la nuit du 19 au 20 août 2006 aurait entraîné, selon les sources officielles, le décès de 16 personnes et l’intoxication de plus de 100 000 personnes.

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