Cameroun : Menaces et actes de filature à l’encontre de M. Mey Ali, président de l’Os-Civile

17/09/2015
Appel urgent

L’Observatoire a été informé par le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique Centrale (RDHAC) de menaces et d’actes de filature à l’encontre de M. Mey Ali,président de l’Os-Civile droits de l’Homme basé à Kousseri, à l’extrême-nord du Cameroun, et activement engagé dans le suivi de la procédure judiciaire en cours concernant l’assassinat du défenseur M. Djimé Guiémé, conseiller technique de l’Os-Civile droits de l’Homme, assassiné devant sa famille le 11 juillet 2011 à son domicile de Kousseri (cf. plus bas).

APPEL URGENT - L’OBSERVATOIRE

CMR 002 / 0915 / OBS 076
Harcèlement / Menaces de mort
Cameroun
16 septembre 2015

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Cameroun.

Description de la situation :

L’Observatoire a été informé par le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique Centrale (RDHAC) de menaces et d’actes de filature à l’encontre de M. Mey Ali,président de l’Os-Civile droits de l’Homme basé à Kousseri, à l’extrême-nord du Cameroun, et activement engagé dans le suivi de la procédure judiciaire en cours concernant l’assassinat du défenseur M. Djimé Guiémé, conseiller technique de l’Os-Civile droits de l’Homme, assassiné devant sa famille le 11 juillet 2011 à son domicile de Kousseri (cf. plus bas).

Selon les informations reçues, depuis fin juillet 2015, M. Mey Ali et sa famille ont fait l’objet d’actes d’intimidation croissants. Au cours des dernières semaines, des inconnus se sont en effet rendus à plusieurs reprisesau domicile de M. Ali à Kousseri en son absence, pour soit disant prendre de ses nouvelles. En outre, entre le 29 août et le 2 septembre 2015, M. Ali a été suivi à Kousseri comme à Maroua, où il s’était rendu pour son travail de défense des droits de l’Homme. M. Ali a été obligé d’abandonner sa chambre d’hôtel à Maroua pour trouver refuge chez un ami.

Par ailleurs, au matin du 6 septembre 2015, M. Ali a reçu un appel téléphonique d’un certain « Hamaï », qui a tenté de le localiser. Un peu plus tard, M. Ali a reçu un deuxième appel du même numéro de téléphone, de la part d’un certain « Commanda », surnom donné à M. Abadam Gueimé, dont le frère comparaît comme suspect dans la mort du défenseur M. Djimé Guiémé. Au téléphone, M. Abadam Gueimé a menacé de mort M. Ali en proférant ces mots : « on va te couper la tête, on t’a déjà localisé ».

Le même jour, et face à ces menaces de mort récurrentes, M. Mey Ali a été obligé de faire évacuer sa famille de Kousseri en attendant de pouvoir se sentir à nouveau en sécurité.

Ces filatures et menaces de mort prennent place alors que le procès concernant la mort du défenseur Guiémé Djimé est actuellement en cours[1].

L’Observatoire s’inquiète de ces actes de harcèlement répétés et menaces de mort à l’encontre M. de Mey Ali, et appelle les autorités camerounaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir sa sécurité.

L’Observatoire appelle plus généralement les autorités du Cameroun à se conformer au droit international et aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme ratifiés par le Cameroun.

Actions requises :

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités congolaisesen leur demandant de :

i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Mey Ali et de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Cameroun ;

ii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement et menace à l’encontre de Mey Ali et de sa famille ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Cameroun ;

iii. Diligenter une enquête immédiate, exhaustive et impartiale au sujet de tous les faits décrits ci-dessus, afin d’identifier tous les responsables et de les juger devant des tribunaux compétents ;

iv. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement :

 son article 1 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international” ;
 son article 6 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres : a) De détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations sur tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à l’information quant à la manière dont il est donné effet à ces droits et libertés dans le système législatif, judiciaire ou administratif national ; b) Conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales ; c) D’étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu’en pratique, de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens appropriés, d’appeler l’attention du public sur la question” ;
 et son article 12.2 qui prévoit que “l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration”.

v. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Cameroun.

Adresses :

· M. Paul Biya, Président de la République, Présidence de la République, Palais de l’Unité, 1 000 Yaoundé Cameroun, Fax (+ 237) 222 22 08 70
· Premier Ministre : Philémon Yang, Tél. : (+237) 222 23 92 54 / 222 23 57 60, Fax : (+237) 222 23 57 65
· Ministre d’Etat, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux : Laurent Esso, Tél. : (+237) 222 23 55 56, Fax : (+237) 222 23 55 59
· Ministre Délégué à la Présidence de la République, chargé de la Défense : Edgar Alain MebeNgo’o :Tél. : (+ 237) 222 22 15 24 ; Fax (+ 237) 222 23 59 71
· M. Abgessi : Centre des Nations Unies pour les droits de l’Homme et la Démocratie en AfriqueCentrale Tél. : (+237) 2 22 21 74 /674348771
· Dr. Chemuta Divine Banda : Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et desLibertés du Cameroun (CNDHL) :(+237) 677 70 91 84/ 222 22 61 17.

Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques du Cameroun dans vos pays respectifs.

***
Paris-Genève, le 16 septembre 2015

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

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[1] Peu avant l’assassinat de M. Djimé, des membres de l’Os-Civile avaient reçu des menaces de mort anonymes liées à l’opposition de l’association à la nomination de deux chefs locaux.

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