TURQUIE : Consternation suite à la condamnation de Pinar Selek à la prison à perpétuité

02/02/2013
Appel urgent
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Paris-Genève, le 25 janvier 2013. Un tribunal a condamné la sociologue Pinar Selek à la prison à perpétuité pour terrorisme. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), qui a mandaté des observateurs judiciaires pour ce procès, est profondément choqué par cette décision qui fait suite à 15 années de harcèlement judiciaire.

Le 24 janvier 2013, la 12ème Chambre de la Haute cour criminelle d’Istanbul a condamné Pinar Selek, écrivaine et sociologue qui défend les droits des communautés marginalisées en Turquie, à la prison à perpétuité pour attentat et appartenance à une organisation terroriste, suite à l’explosion intervenue dans le Bazar égyptien d’Istanbul le 9 juillet 1998. Les juges ont expliqué qu’ils avaient décidé de se conformer à la demande de la Cour de cassation de reconnaître la culpabilité et condamner Pinar Selek à la prison à perpétuité.

L’Observatoire rappelle qu’en 1998, Pinar Selek a été tour à tour accusée sans preuves de soutenir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), puis d’avoir fait exploser une bombe dans le bazar d’Istanbul. Sur la base de ces accusations, elle a été détenue, torturée et soumise à des mauvais traitement pendant deux ans, avant d’être bénéficier d’une libération provisoire en 2000. La 12ème Chambre de la Haute Cour criminelle d’Istanbul l’a acquittée à trois reprises : en 2006, 2008 et 2011. Néanmoins, le procureur ayant fait appel à chaque fois, la Cour de cassation a annulé les décisions d’acquittement.

L’Observatoire rappelle que la procédure pénale n’a pas réussi à démontrer que Pinar Selek a été impliquée dans une quelconque activité de terrorisme. En effet, les enquêtes judiciaires ont en grande partie confirmées l’absence de bombe et ont attribué l’explosion à une fuite de gaz. De plus, l’autre accusé dans l’affaire, qui avait incriminé Pinar Selek pendant un interrogatoire, a retirés ses déclarations pendant le procès.

Au cours de son observation, l’Observatoire a relevé une série d’irrégularités, contraires à la législation nationale et aux normes internationales relatives aux droits de l’Homme. Une note d’observation judiciaire sera publiée prochainement.

«  Je suis profondément choquée par cette décision. C’est une parodie de justice  », a dénoncé Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

« Ce cas est sans précédent  », a ajouté Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT, « Nous condamnons fermement cette décision, et appelons les autorités judiciaires turques à la réexaminer immédiatement », a-t-il conclu.

Plus généralement, l’Observatoire appelle une fois de plus les autorités turques à cesser immédiatement et sans conditions le harcèlement judiciaire qui vise Pinar Selek depuis plus de 15 ans, et dont l’unique objectif semble être de la punir pour ses recherches et ses écrits de sociologue.

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