Déjà-vu : d(é)s accords pour la paix au détriment des victimes

La FIDH publie aujourd’hui un rapport d’enquête sur la situation des droits de l’Homme en République centrafricaine (RCA) intitulé, « Déjà-vu : d(é)s accords pour la paix au détriment des victimes ». Ce rapport est rendu public alors qu’un nouveau Dialogue politique va s’ouvrir demain en République centrafricaine (RCA) entre les différents protagonistes du conflit qui sévit depuis trois ans dans le nord du pays et que la Cour pénale internationale (CPI) s’apprête à tenir une audience pour confirmer les charges retenues contre Jean-Pierre Bemba pour les crimes présumés commis en 2002/2003 en RCA par celui-ci et les hommes placés sous sa responsabilité.

Le rapport insiste sur le fait que ce Dialogue politique, s’ouvre sur fond de combats encore récents entre les Forces armées centrafricaines et les groupes rebelles dans le nord du pays avec leur lot de graves violations des droits de l’Homme. L’insécurité physique et économique des populations civiles dans le nord du pays est totale du fait des exactions commises par l’ensemble des belligérants.

Le rapport démontre que si les Forces armées centrafricaines (FACA) ont cessé la pratique de la terre brûlée, certains de ses éléments sont toujours responsables d’exécutions sommaires de civils, d’extorsion de fonds et d’arrestations arbitraires. En outre, plusieurs sources concordantes font état de détentions arbitraires, d’actes de torture et de mauvais traitements à l’égard de présumés rebelles perpétrés par les forces de sécurité centrafricaines dans les centres de détention.

Par ailleurs, certains rebelles de l’Armée populaire pour la restauration de la République et la démocratie (APRD) se rendent également coupables d’exécutions arbitraires de civils, suite à des jugements expéditifs rendus par des tribunaux d’exception, de crimes sexuels, d’enlèvements et de pillages.

Contrairement aux déclarations publiques des autorités centrafricaines, notamment du président Bozizé, les éléments des FACA qui ont commis de graves violations des droits de l’Homme demeurent pour la plupart impunis. Même si la loi d’amnistie générale, adoptée le 29 septembre 2008, exclut les crimes internationaux, le rapport de la FIDH stigmatise une nouvelle fois l’absence de volonté et de capacité des juridictions centrafricaines de juger les auteurs de ces crimes. Sans l’intervention de la CPI sur les crimes commis depuis 2005 dans ce pays, les victimes ne pourront pas exercer leur droit à un recours juste et équitable.

En 15 ans, les accords de paix et amnisties ont laissé la place à trois dialogues politiques. Pourtant les acteurs des dialogues passés sont les protagonistes des conflits d’aujourd’hui. Les multiples déclarations d’intention en faveur de la paix n’ont jamais été suivies d’effets par manque de volonté politique et l’absence d’un soutien continu de la communauté internationale.

La recherche d’une paix durable restera fragile en RCA tant que celle-ci se fera au mépris des victimes et des réformes politiques nécessaires : respect des libertés fondamentales, reconstruction de l’Etat de droit, lutte contre l’impunité, lutte contre la corruption, consolidation d’un tissu économique et social fort.

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