La population civile paie le prix des affrontements armés à l’est de la République démocratique du Congo

24/10/2008
Communiqué
RDC

La FIDH et ses organisations membres en République démocratique du Congo (RDC), le Groupe Lotus, la Ligue des Electeurs et l’ASADHO, sont particulièrement préoccupées par l’extrême insécurité qui prévaut actuellement dans le pays, particulièrement au Nord Kivu et dans la Province Orientale et par les graves violations des droits de l’Homme perpétrées contre la population civile par des hommes en armes.

Nos organisations condamnent fermement la reprise des combats dans le Nord Kivu entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et les Forces armées de la RDC (FARDC) en violation de l’accord de paix de Goma de janvier 2008, et dénoncent les récentes déclarations du chef rebelle Laurent Nkunda appelant à un soulèvement national.

Elles déplorent les massacres, les attaques et les enlèvements de civils, les nombreuses atteintes aux libertés individuelles, les pillages des villages, le recrutement forcé et l’utilisation des enfants dans ce conflit, les viols et autres formes de violences sexuelles à l’égard des femmes et des filles, les actes de torture et les restrictions à la distribution de l’aide humanitaire à plus d’un million de déplacés de guerre dans cette région. Ces faits, commis diversement par toutes les parties à ce conflit constituent des violations graves du droit international humanitaire.

Elles appellent à l’application effective et immédiate d’un cessez-le-feu et demandent à toutes les parties au conflit d’œuvrer, d’une part au respect de l’acte d’engagement signé le 25 janvier 2008 à Goma et d’autre part à la cessation de ces graves violations des droits humains qui se commettent en toute impunité sur les territoires sous leur contrôle.

Elles demandent aux gouvernements de la région à cesser tout soutien aux groupes armés, comme l’a rappelé le président du Conseil de sécurité des Nations unies dans une déclaration datée du 21 octobre 2008. « A cet égard, nous demandons au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de se saisir instamment de cette question et, si un tel soutien devait être avéré, de prendre des sanctions appropriées » a déclaré Paul Nsapu, Secrétaire général de la FIDH.

Nos organisations recommandent par ailleurs au Procureur de la Cour pénale internationale d’annoncer publiquement l’ouverture d’une enquête aux Kivus et d’orienter cette enquête sur la situation au Nord Kivu, de se prononcer publiquement sur la résurgence du conflit en Ituri et sur le maintien de la présence du Bureau de Procureur en Ituri, et enfin d’engager des poursuites contre les plus hauts responsables des crimes les plus graves, considérant que l’impunité est l’une des bases de la récurrence des conflits dans la région.

Par ailleurs, nos organisations condamnent les attaques perpétrées par les éléments de l’Armée de résistance du Seigneur (Lord Resistance Army – LRA) dans le territoire de Dungu (Nord-Est de la Province Orientale). Les attaques des rebelles ougandais – menées en représailles contre le déploiement des forces armées congolaises dans la région mais aussi dans le but de recruter de force de nouveaux combattants, auraient fait plusieurs dizaines de morts fin septembre début octobre, selon des sources locales dignes de foi. De très nombreuses habitations ont été incendiées ; des villages pillés. Les habitants sont forcés de se déplacer dans les localités de Dungu, Ngilima, et même de se réfugier vers le Sud Soudan.

Nos organisations appellent les autorités congolaises à tout mettre en oeuvre pour rétablir l’autorité de l’Etat dans la province orientale ; mais également à soutenir les efforts de la Cour pénale internationale pour l’arrestation et le transfert à La Haye des leaders de la LRA qui font l’objet d’un mandat d’arrêt, dont son chef Joseph Kony.

Enfin nos organisations demandent à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples qui va tenir sa 44ème session à Abuja, Nigeria, à partir du 10 novembre 2008, et qui doit à cette occasion examiner le rapport de la RDC, de se prononcer et d’intervenir fermement sur cette situation.

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