Moussa Kaka : déjà un an de détention arbitraire !

19/09/2008
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation membre, l’Association nigérienne pour la défense des droits de l’Homme (ANDDH) appellent à la libération immédiate du journaliste nigérien Moussa Kaka, directeur de la station privée Radio Saraouniya, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et de Reporters sans Frontières (RSF), arbitrairement emprisonné depuis un an.

Accusé de « complicité d’atteinte à l’autorité de l’État » [1] pour avoir entretenu des relations téléphoniques avec le Mouvement nigérien pour la Justice (MNJ) dans le cadre de son travail, le journaliste Moussa Kaka fait depuis lors, l’objet d’un acharnement judiciaire. En effet, bien que le juge d’instruction en charge du dossier ait accepté sa libération provisoire le 23 juin 2008, puis rendu un non-lieu, le 23 juillet 2008, compte tenu de l’absence d’éléments à charge contre le journaliste, le parquet de Niamey s’évertue a garder M. Moussa Kaka en détention en faisant appel de toutes les décisions en sa faveur. Ainsi, sans grande surprise, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Niamey a, le 19 août 2008, rejeté la demande de liberté provisoire de M. Kaka, prolongeant jusqu’alors sa détention.

« La détention de M. Moussa Kaka est manifestement arbitraire et nous demandons instamment aux autorités nigériennes concernées de le libérer ; ce qui serait une application juste et rigoureuse du droit nigérien puisque les écoutes téléphoniques censées démontrer sa culpabilité ont été réalisées de façon illégale et de surcroît ne semblent pas probantes… » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

La FIDH, l’ANDDH et le Comité de soutien de Moussa Kaka ont d’ailleurs saisi le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et la Rapporteure spéciale de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique sur la situation du journaliste nigérien.

L’affaire Moussa Kaka s’inscrit dans un contexte de plus en plus difficile pour la liberté d’expression au Niger : fermeture de la Maison de la Presse au mois de juillet 2008, suspension par le Conseil Supérieur de la Communication du groupe de radiotélévision privé Dounia pour une période d’un mois (décision N°006 P/CSC du 19 août 2008) et menace de suspension d’une vingtaine de directeurs de publication de journaux privés [2]

A cet égard, la FIDH et l’ANDDH rappellent les engagements internationaux pris par le Niger, notamment au terme de l’article 9 (2) de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples qui stipule que « toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions », et de l’article 19 (2) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui prévoit que « toute personne a droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix ».

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