Les droits fondamentaux au travail dans la chaîne des fournisseurs et la responsabilité sociale des entreprises

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) rend public aujourd’hui un rapport de mission d’enquête au Bangladesh. La mission a été organisée en décembre 2007 dans le cadre de la coopération FIDH / Carrefour sur les droits de l’Homme dans la chaîne d’approvisionnement. Les objectifs étaient d’évaluer les efforts de Carrefour concernant les droits du travail au Bangladesh, et formuler des recommandations au gouvernement du Bangladesh et aux multinationales qui s’aprovisionnent dans ce pays en vue d’améliorer le respect pour les droits du travail dans l’industrie du vêtement.

Le rapport note des progrès récents en matière de conditions de travail dans les usines de vêtements destinés à l’exportation au Bangladesh. Les réglementations concernant le salaire minimum sont largement respectées et les déductions punitives sur le salaire sont devenues rares ; certaines usines ont créé un comité chargé des questions sociales ; et le travail des enfants est éradiqué au sein des usines exportatrices. Après une importante période de troubles dans les usines , un Protocole d’accord tripartite a été signé en 2006 entre les employeurs, les travailleurs, et le gouvernement. Les parties ont convenu de 10 conditions pour mettre fin aux troubles et améliorer les conditions de travail. L’accord a abouti à une augmentation de salaire en octobre 2006 – pour la première fois en 12 ans.

Cependant de nombreuses violations des droits du travail persistent. Celles-ci incluent : l’absence de liberté d’association, pas de salaire décent, pas d’accès à des recours efficaces en cas de violations des droits du travail, des heures de travail excessives, et des violations des normes relatives au congé maternité. En outre, en janvier 2007, le gouvernement intérimaire a déclaré l’état d’urgence qui implique une interdiction des activités syndicales.

La FIDH adresse des recommandations au gouvernement du Bangladesh, telles que la levée immédiate de l’état d’urgence, la mise en oeuvre effective des Conventions internationales ratifiées par le Bangladesh, la ratification et l’application des conventions de l’OIT pertinentes, et l’augmentation du salaire minimum afin qu’il couvre les besoins de base.

Le rapport analyse les limites de l’audit social comme unique moyen d’amélioration des conditions de travail chez les fournisseurs. La FIDH formule des recommandations aux multinationales s’approvisionnant au Bangladesh, et notamment d’assurer un suivi adéquat des audits et des plans d’action correctifs ; trouver des façons de récompenser les fournisseurs qui se respectent les droits sociaux et intégrer les critères sociaux dans les décisions d’achat ; publier la liste des sites de fabrication ; mettre fin à l’utilisation d’importateurs qui ne peuvent pas être tenus responsables des violations des droits du travail ; soutenir les demandes d’augmentation du salaire minimum afin de couvrir les besoins fondamentaux.

La mission a également évalué le programme de formation réalisé par une ONG locale Karmojibi Nari pour les travailleurs et le management des fournisseurs de Carrefour au Bangladesh. Les formations permettent à Karmojibi Nari d’accéder aux usines, ce qui ne serait pas possible autrement. Les sessions de formation sont très interactives, et la participation est importante. La FIDH a aussi identifié quelques difficultés concrètes liées au projet de formation, comme le fait qu’il n’aborde pas suffisamment la liberté d’association. La FIDH et Karmojibi Nari ont convenu de travailler ensemble afin de trouver des façons d’aborder les difficultés spécifiques identifiées par la mission.

Bangladesh : Les droits fondamentaux au travail
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