La crédibilité des entreprises passe par leur responsabilité

A la veille de l’ouverture du Forum économique mondial, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), lors d’une conférence de presse organisée à Davos par le Caucus dignité humaine et droits de l’Homme, appelle les Etats à développer des instruments juridiques de façon à appliquer aux entreprises un standard minimum en matière de respect des droits de l’Homme.

« Contrairement à leurs prises de position publiques et répétées, les entreprises jouent très rarement le jeu du respect des droits de l’Homme et, surtout, s’assurent en permanence des conditions de leur impunité » déclare Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Aujourd’hui, de nombreuses victimes de violations ne savent plus vers qui se tourner pour revendiquer leurs droits, ni qui elles doivent tenir responsable de leurs souffrances ».

Avec la mondialisation et la montée en puissance des acteurs non-étatiques, il devient de plus en plus difficile d’établir les responsabilités en matière de violations des droits de l’Homme. Dans de nombreux cas, les violations impliquant des entreprises ont lieu dans l’absence d’un cadre juridique contraignant. Pire, la puissance financière et stratégique de certaines de ces entreprises leur assure la plupart du temps une impunité totale, privant les victimes de leur droit à un recours et à réparation. Certaines situations de violations extrêmement graves comme par exemple les abus liés à l’extraction minière dans certains pays africains, continuent ainsi de se perpétuer. De par leurs activités et le paiement de rentes extrêmement importantes, d’autres entreprises – telle Total en Birmanie - soutiennent en toute impunité des régimes dictatoriaux. Enfin, l’absence ou la très faible répartition du produit des ressources est un frein considérable en matière de développement économique et social des pays concernés.

Jusqu’à présent, la responsabilité des entreprises en matière de droits de l’Homme n’a été approchée que sous l’angle d’initiatives volontaires, et non contraignantes, via l’adoption, par exemple, de codes de conduite au niveau d’une entreprise ou d’un secteur. Or leur portée reste très limitée car elles n’incluent que certains droits et certains secteurs, et de nombreuses entreprises "à la traîne" choisissent de ne pas se joindre à de telles initiatives.

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