Extradition de Fujimori : Un grand pas vers la fin de l’impunité

21/09/2007
Communiqué
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La Federation Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), sa ligue membre au Chili, la Corporación de Promoción y Defensa de los Derechos del Pueblo (CODEPU) et ses ligues membres au Pérou, l’Asociación Pro Derechos Humanos (APRODEH) et le Centro de Asesoría Laboral del Perú (CEDAL), se félicitent de la décision de la Cour Suprême du Chili d’extrader de Alberto Fujimori vers le Pérou. Cette décision historique dépasse les frontières de l’Amérique Latine et symbolise la coopération entre les Etats visant à mettre fin à l’impunité dont bénéficient les chefs d’Etat et de gouvernement auteurs de crimes contre l’humanité, de violations graves des droits de l’homme et/ou de détournement de fonds publics.

Avec cette décision, le Chili respecte ses obligations internationales en matière de droits de l’homme. Nous rappelons que Fujimori est poursuivi pour crimes d’homicides qualifiés, de graves atteintes à l’intégrité physique, disparitions forcées ou séquestration aggravée et détournement de fonds entre autres dans les affaires « La Cantuta » et « Barrios Altos-Sótanos del Servicio de Inteligencia del Ejército (SIE) ».

La décision de la Cour Suprême permet également au Chili de se conformer à la décision de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme dans l’affaire « La Cantuta » dans laquelle la Cour a insisté sur « la coopération interétatique (qui) constitue un devoir pour la communauté international, afin d’éradiquer l’impunité. L’accès à la justice est une norme impérative de Droit International et, comme telle, elle crée pour les Etats des obligations erga omnes [1]. (En effet ces derniers se doivent) d’adopter les mesures nécessaires à garantir que ces violations ne soient pas laissées dans l’impunité, que ce soit en exerçant leur juridiction pour appliquer leur droit interne et le Droit International pour juger et, éventuellement, sanctionner les responsables des tels faits, ou en coopérant avec des Etats qui le font ou tentent d’agir en ce sens » [2]
Ainsi, la Chambre Pénale de la Haute Cour chilienne rectifie le refus qui avait été prononcé le 11 juillet dernier par le juge de la Cour Suprême, Orlando Álvarez, en charge du dossier Fujimori depuis sa détention au Chili en 2005. Celui-ci avait rejeté l’extradition de l’ancien dictateur péruvien, et ce malgré l’opinion favorable de la Procureure auprès de la Cour Suprême, Mme Maldonado.

La FIDH et ses ligues membres appellent le gouvernement chilien à mettre en oeuvre dans les plus brefs délais la décision de la Cour, et ainsi à remettre Alberto Fujimori aux autorités péruviennes. Elles demandent également au gouvernement péruvien qu’il s’assure que l’ancien dictateur soit jugé par un tribunal impartial et indépendant, garantissant les règles du procès équitable et qu’ainsi soit respecté le droit des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation. Il est essentiel que Fujimori soit placé en détention dans une prison de haute sécurité au regard de la gravité des crimes qui lui sont imputés. La FIDH et ses ligues demandent aussi au gouvernement péruvien de garantir la sécurité des victimes et autres personnes impliquées dans les procédures.

Rappel

Alberto Fujimori, a été au pouvoir au Pérou du 28 juillet 1990 au 19 novembre 2000. Il avait instauré un régime autoritaire. Il a fuit le Pérou en 2000 pour se réfugier au Japon, suite à la révélation d’un scandale politico-financier. Selon le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation qui a été rendu postérieurement, le nombre de victimes du régime Fujimori s’élèverait à 2113 morts et disparus.

Fujimori a été détenu par les autorités chiliennes le 7 novembre 2005 alors qu’il venait d’y arriver. Le Pérou avait formulé une demande d’extradition le 3 janvier 2006.

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