La Turquie continue de punir les opinions ! Le pianiste Fazil Say écope d’une peine de prison.

10/05/2013
Communiqué
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Message de Fazil Say à l’occasion du 38 ème congrès de la FIDH à Istanbul (VOSTENG)

Pour avoir partagé un quatrain d’Omar Khayyam sur les réseaux sociaux, le pianiste Fazıl Say a été poursuivi et condamné à dix mois de prison pour "insulte aux valeurs religieuses."

Ces dernières trente années, des centaines de milliers de personnes furent poursuivies pour leurs opinions et des dizaines de milliers d’entre elles furent condamnées en Turquie. Les dispositions du Code Pénale furent révisées à plusieurs reprises et des arrangements furent apportés à la loi sur la lutte antiterroriste. Cependant, aucune de ces modifications n’a traité le fond de l’affaire, se contentant d’arrangements formels. La quatrième série de modifications juridiques, préparée pour se conformer aux décisions de la cour européenne des droits de l’homme, s’est également contentée de modifications partielles ; La liberté d’opinion n’a pas été placée sous protection.

La Turquie a pris l’habitude de prendre des mesures juridiques en avançant d’un pas, puis en reculant de deux. Les mesures en questions ne changent en aucun cas la conception autoritaire et répressive de l’Etat en Turquie, celle-ci change de forme en permanence mais garde son essence intact.

Il y a encore des milliers de prisonniers d’opinion dans les prisons turques. Certains sont arrêtés et jugés pour adhésion à des organisations illégales, d’autres sous d’autres faux prétextes. Quand nous regardons de plus près, beaucoup de ceux qui sont arrêtés sont maires, hommes politiques, avocats, étudiants, etc. Donc, en aucun cas des personnes qui ont eu recours à la violence ou à des armes. Ils sont jugés du fait de leurs opinions.

En cette période de début de négociations pour la paix, il est primordial d’avoir en Turquie la possibilité d’exprimer librement ses opinions. Le moyen d’y arriver passe par la modification des lois limitant la liberté d’opinion et d’expression de toute urgence. C’est le seul moyen d’accélérer le processus de négociations et de permettre aux intellectuels, aux artistes et aux défenseurs des droits de l’homme d’apporter leurs contributions dans des moments de blocage du-dit processus.

La condamnation de Fazil Say, un artiste éminent mondialement connu, pour avoir partagé sur les réseaux sociaux les poèmes d’un autre artiste mondialement connu, est un nouveau coup porté par la Turquie à la liberté d’expression.

La Turquie doit tout de suite cesser de punir les opinions et se débarrasser ainsi de cette honte qui pèse actuellement sur elle. Les personnes détenues dans les prisons du fait de leurs opinions doivent être libérées, des excuses doivent leur être présentées et les peines doivent être annulées.

Les opinions ne peuvent être enchaînées.

L’ASSOCIATION DES DROITS DE L’HOMME

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