Le 20 juin, le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, appelait encore à la création d’une telle commission internationale d’enquête. [1] Il affirmait notamment que « les institutions nationales n’ont ni l’expertise ni les moyens de faire la lumière sur les événements dans les Kasaï ». Toutefois, les autorités congolaises se sont obstinées à garder la direction de l’enquête, menaçant notamment de refuser des visas aux enquêteurs de l’ONU ou de leur interdire l’accès aux Kasaï.
« Cette résolution risque de ne pas suffire à empêcher les massacres. Seule une enquête vraiment indépendante permettra d’enrayer le cycle de violences dans les Kasaï, en identifiant ses auteurs et responsables. La bonne foi du président Kabila sera toutefois mesurée à l’aune de sa coopération avec la mission d’experts envoyée. »
L’Union Européenne a retiré un texte plus fort, 24 heures avant que la résolution du groupe africain ne soit adoptée par consensus. Son projet de résolution proposait d’envoyer une mission internationale indépendante, qui aurait permis d’établir les responsabilités individuelles des graves crimes commis. Une telle commission aurait eu une portée plus forte et un mandat permettant aux responsables de rendre des comptes devant la justice.
Alors que l’ONU a dénombré au moins 42 fosses communes, et que l’Eglise catholique au Congo annonce au moins 3300 morts aux Kasaï depuis le début des affrontements, la réponse du Conseil des droits de l’homme est loin d’être à la hauteur de la gravité de la situation. Elle ne lui permet pas de remplir son mandat de prévention des violations des droits humains. [2]
« La société civile et l’ONU n’ont eu de cesse d’alerter sur les violences commises en RDC ces derniers mois. Combien de personnes devront encore être massacrées avant que la communauté internationale ne prenne ses responsabilités pour enrayer un cycle de violence très politique, alors que la légitimité du pouvoir en place est contestée et contestable ? »
Les enquêteurs doivent être nommés par le Haut Commissaire aux droits de l’homme et dépêchés sur place dans les plus brefs délais. La balle sera alors dans le camp du gouvernement congolais. Après avoir réaffirmé le 20 juin, par la voix de son ministre des droits de l’Homme, sa volonté de coopérer avec le Conseil, il devra respecter son engagement à coopérer pleinement avec les experts missionnés, en leur garantissant notamment un accès sans restrictions au territoire. Il devra également se garder de toutes représailles contre les personnes qui coopéreront avec les experts, crainte mentionnée explicitement dans la résolution.
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