Souhayr Belhassen décorée Chevalier de la Légion d’Honneur par François Hollande

29/11/2012
Impact
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Par François Hollande.

Souhayr Belhassen,

Un mot vous définit : l’indépendance. Cette volonté farouche de ne rien céder et de ne rien concéder. D’être fidèle à des principes et surtout à vous-même et à votre pays : la Tunisie.

Votre Tunisie, c’est celle de la liberté, celle de l’hospitalité, celle de la laïcité. C’est ce que vous avez traduit, avec Sophie Bessis, dans votre magistrale biographie de Bourguiba. C’est la Tunisie dont le peuple, au printemps 2011, a su se soulever et embraser tous les peuples arabes.

L’indépendance, c’est la dignité et c’est le sens de votre engagement, en 1984, lorsque vous rejoignez la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme.

Les droits de l’Homme, c’est le droit de penser et d’écrire. C’est ce que vous allez faire comme journaliste, d’abord à l’agence Reuters, puis au journal Jeune Afrique, avant de créer votre propre magazine que le régime tunisien de l’époque ne tolérera guère.

Les droits de l’Homme, pour vous, ce sont les droits de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes, librement et souverainement. Le droit à des frontières reconnues et à des élections libres, qui sont les plus sûrs remèdes aux malheurs collectifs. Ce principe vous a guidé pour la paix et notamment en Palestine.

Les droits de l’Homme pour vous, ce sont les droits des femmes. Depuis votre pétition de soutien aux femmes algériennes, en 1993, jusqu’à « l’appel des femmes arabes pour la dignité et pour l’égalité » que vous avez lancé le 8 mars 2012. Une grande conscience vous a accompagnée, Shirin Ebadi, et vous lui en êtes toujours reconnaissante.

Les droits de l’Homme, pour vous, ne dépendent pas des cultures, ils ne varient pas selon les latitudes ou les civilisations. Les droits sont outragés par quiconque prétend les relativiser. C’est pour honorer ce principe simple que vous avez été portée, en 2007, à la présidence de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, première femme à accéder à cette fonction.

Plus remarquable encore est l’action que vous y menez depuis bientôt six ans. Vous avez développé la présence de la FIDH partout dans le monde, notamment en Asie. Vous avez renforcé les liens entre les 164 organisations membres de la Fédération : c’est ce que vous appelez « l’interrégionalité » dont vous faites un combat universel.

Vous êtes du côté des victimes. Vous les engagez à faire valoir leurs droits, devant les instances internationales ou devant la justice de leur pays et vous les défendez comme vous l’avez particulièrement fait en Guinée en 2009 ou en Côte d’Ivoire en 2010.

A travers vous, ce sont les militants de la FIDH que je veux saluer et qui paient souvent leur courage au prix le plus fort. J’associe votre vice-président Monsieur Bialiatski, emprisonné en Biélorussie ; votre secrétaire général adjoint Nabil Rajab, détenu à Bahreïn ; et tous les membres de votre institution qui sont aujourd’hui derrière les barreaux tout simplement parce qu’ils demandent que justice soit faite.

A la veille de votre prochain congrès mondial qui se tiendra à Tunis – forcément - en mars 2013, je tiens, au nom de la République française à réaffirmer les liens étroits qui unissent la France et la FIDH. Le premier président de votre histoire était Victor Basch. Ce fut un héros de la Résistance. Votre secrétariat est basé à Paris. Avec le ministre des Affaires étrangères, nous menons ensemble des combats communs pour la libération de militants et notamment de ceux qui sont retenus en République démocratique du Congo ; mais aussi pour nous mobiliser par rapport aux massacres notamment au Kivu où les femmes sont particulièrement menacées.

Aujourd’hui, en vous distinguant, la République française rappelle son irréductible attachement au respect des droits de l’Homme partout dans le monde.

CREDIT : Dominique Faliez

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