Tunisie : Laissez la jeunesse s’exprimer !

10/12/2013
Communiqué
ar fr

La FIDH dénonce la condamnation du rappeur Weld el 15 à une peine de 4 mois de prison ferme avec exécution immédiate. Il a été condamné le 5 décembre 2013 par le tribunal cantonal de Hammamet pour outrage aux autorités, l’une de ses chansons ayant été jugée insultante pour les forces de sécurité.

« Principaux acquis de la révolution, les libertés d’expression et d’opinion ne cessent d’être mises à mal par la justice tunisienne » a déclaré Karim Lahidji, Président de la FIDH. « Le ciblage des jeunes et notamment de personnalités en vue comme Weld el 15, peut être vue comme une mise en garde à destination de cette génération qui s’est soulevée pour mettre fin à l’arbitraire et veut légitimement continuer à se faire entendre. Il est urgent de mettre fin à ces tentatives de musellement de la jeunesse »

Cette condamnation s’inscrit dans une série d’affaires visant à sanctionner l’exercice des libertés d’opinion et d’expression qui ont particulièrement ciblé de jeunes tunisiens. Le cas le plus emblématique est celui de deux blogueurs, Jabeur Mejri et Ghazi Beji condamnés, le 28 mars 2012, à une lourde peine de prison. Alors que Ghazi Beji est devenu le premier réfugié tunisien à l’étranger depuis la chute de Ben Ali, Jabeur Mejri est depuis près de deux années, détenu. Tous deux ont été condamnés à 7 ans et demi de prison pour avoir diffusé sur leurs pages facebook des écrits et des caricatures jugés offensants pour l’Islam.

Dans l’affaire contre Alaa Yaakoub, connu sous le nom de Weld el 15, le tribunal avait rendu le 30 août 2013 un premier jugement par contumace. La condamnation était fondée sur les articles 121 ter, et 226 du code pénal et sur l’article 86 du code des télécommunications prévoyant « un emprisonnement d’un à deux ans et d’une amende de cent à mille dinars pour quiconque nuit sciemment à des tiers ou perturbe leur quiétude à travers les réseaux publics des télécommunications ». Ces textes étaient utilisés sous le régime de Ben Ali pour réprimer la liberté d’expression et d’opinion.

Me Ghazi Mrabet, avocat d’Alaa Yaakoub a fait part de ses craintes quant à l’intégrité physique de son client en détention alors que les dénonciations de mauvais traitements et traitement dégradants en détention se multiplient en Tunisie.

Ainsi le 2 novembre dernier, Walid Denguir est décédé après avoir été arrêté par la police pour « trafic de drogue et association de malfaiteurs ». Celui-ci serait selon plusieurs organisations mort des suites de torture. Des traces de violences ont été constatées sur son visage et son corps.

La FIDH réitère ses appels aux autorités tunisiennes à veiller à mettre fin aux violations des libertés d’opinion et d’expression et appelle à la libération immédiate de Jabeur Mejri et Alaa Yaakoub. Elle demande aux autorités tunisiennes de se conformer pleinement à leurs engagements internationaux de protection des droits humains et en particulier, à respecter et garantir les libertés d’opinion et d’expression et à veiller à mettre fin aux traitements cruels, inhumains et dégradants dans les prisons et les centres de détention en Tunisie.

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