Qatar : première conférence interrégionale sur les travailleurs migrants asiatiques dans le monde Arabe

13/06/2007
Communiqué
ar en fr

La FIDH, en coopération avec le Comité National des droits de l’Homme du Qatar (NHRC), a organisé avec succès une conférence interrégionale sur la situation des travailleurs migrants en Asie et dans le Monde Arabe.

Cette conférence, qui s’est tenue du 10 au 11 juin 2007, à Doha (Qatar), a réuni pour la première fois 50 participants, parmi lesquels des hauts responsables du Qatar, des représentants de la société civile, des ONG de droits de l’Homme et des syndicats, de plusieurs pays d’Asie et du monde Arabe. Des ONG d’Indonésie, de Malaisie, de Hong-kong, du Sri lanka et du Bahreïn spécialisées dans la question des travailleurs migrants, ainsi que des associations de droits de l’Homme d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont également assisté à la conférence afin d’actualiser leurs connaissances sur la situation et les droits des travailleurs migrants. Des représentants d’ambassades des pays asiatiques dont sont originaires les migrants, ainsi que des syndicats des pays d’accueil du monde Arabe étaient également présents.

Les participants ont constaté les abus dont sont victimes les travailleurs migrants dans leurs pays d’origine, mais aussi dans leurs pays d’accueil : exploitation par des agences de recrutement, faux contrats, doubles contrats, trafic de visas, frais de voyage prohibitifs, emplois non-conformes aux contrats, emplois précaires, conditions de travail inacceptables. Ces abus mènent de nombreux migrants à la fuite et même au suicide.

La déclaration finale de la conférence appelle au respect des droits des migrants, notamment à l’interdiction des arrestations et détentions arbitraires, des déportations sans examen préalable des dossiers par une autorité judiciaire indépendante, de la torture, de l’esclavage ou des traitements s’apparentant à l’esclavage ainsi qu’au respect de la liberté de religion.

Dans le but de faciliter la poursuite d’un dialogue pro-actif en encourageant les ONG à coopérer avec les institutions nationales des droits de l’Homme des pays concernés, dans un esprit de tolérance, de compréhension mutuelle et d’échange culturel, les participants ont formulé une série de recommandations, parmi lesquelles :

 La FIDH, le NHRC du Qatar et les autres acteurs concernés devraient effectuer un examen bi-annuel de la législation et de la situation sociale des étrangers travaillant dans les Etats Membres du Conseil de Coopération du Golfe ;

 La FIDH devrait faciliter la mise en place d’un réseau interrégional entre les organisations arabes et asiatiques impliquées dans la problématique liée à la situation des travailleurs migrants, en échangeant leurs informations et en se réunissant régulièrement ;

 Tous les Etats doivent publier des plans d’action et de politiques nationales relatifs à la protection des droits des travailleurs y compris celle des travailleurs migrants, sans aucune discrimination ;

 Des activités de coopération technique et des projets tendant à accroître les capacités du gouvernement, de la police, des parlementaires, de la société civile et des autres acteurs impliqués devraient être mis en place ;

 Tous les Etats devraient reconnaître "la journée internationale des migrants" du 18 décembre et travailler pour la promotion et la protection des droits des migrants ;

 Organiser des campagnes et faire du lobbying pour la ratification et l’évaluation de l’application, au niveau national, des diverses conventions régionales et internationales des droits de l’Homme (notamment la Convention internationale sur les travailleurs migrants, les Conventions de l’Organisation Mondiale de Travail, les Conventions internationales de 1966, la Charte Arabe pour la défense des droits de l’Homme, l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ou la Déclaration de protection et de promotion des droits du travailleur migrant) ;

 Organiser des campagnes en faveur de la conclusion et de la signature d’accords bilatéraux sur la régulation des migrations entre les pays d’origine et les pays d’accueil ;

 Formuler des contrats qui seront ratifiés par les Ministères du travail des pays d’accueil et d’origine des migrants et l’inscription légale des sponsors auprès des Ministères du travail pour que les migrants aient accès à ces informations ;

 Demander aux Etats de traiter les travailleurs migrants, y compris les employés de maison, de façon égale devant la loi ;

 Elaborer des législations sur le travail domestique en vertu des lois nationales sur le travail déjà existantes ;

 Organiser des campagnes d’information et de sensibilisation à l’attention des travailleurs migrants grâce aux campagnes de protection légale/d’information des ONG (spécialisées et avec un mandat général en droits de l’Homme), des Ambassades, des Institutions nationales des droits de l’Homme et des syndicats ;

 Les ONG devraient publier une brochure d’information, traduite dans la langue des pays d’origine et un annuaire des organisations des pays d’accueil et d’origine, afin que les migrants soient informés de leurs droits. Les travailleurs migrants devraient adhérer à des syndicats et avoir accès à des bureaux d’information et de conseil ;

 Les ONG de défense des droits de la Femme devraient établir des contacts avec des travailleuses migrantes et leur offrir une assistance sociale et juridique ;

 Les ONG de défense des droits de l’Homme ayant un mandat général dans la région du Golfe devraient s’engager en faveur des travailleurs migrants ;

 Aborder le problème sérieux de la traite des êtres humains, via l’adoption des législations et de politiques nationales exhaustives, notamment l’établissement des organismes nationaux, afin d’assurer l’application effective des politiques nationales.

Lire la suite