Le génocide et l’occupation par Israël menacent irrémédiablement l’autodétermination palestinienne

08/04/2024
Communiqué
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AFP

Les six derniers mois marquent la période la plus dévastatrice et la plus violente vécue par le peuple palestinien depuis la Nakba de 1948. Des deux côtés de la ligne verte, Israël persiste dans sa violation systématique des droits inaliénables du peuple palestinien, se rendant coupable de graves crimes internationaux, parmi eux, les crimes contre l’humanité d’apartheid et de génocide.

8 avril 2024. Depuis l’annonce par Israël, le 9 octobre 2023, d’un « siège complet de Gaza », la situation au sein du territoire palestinien occupé (TPO) n’a jamais été aussi désastreuse. À Gaza, les forces d’occupation israéliennes soumettent les Palestinien⋅nes à des bombardements, des déplacements massifs et à des restrictions strictes d’accès à l’aide humanitaire causant la famine dans l’enclave. En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, Israël établit de nouvelles colonies illégales qui entraînent davantage de déplacements et de contrôle des terres. La violence des colons se poursuit sans relâche et les Forces d’occupation israéliennes continuent d’exercer un pouvoir assassin, tuant des Palestinien⋅nes en toute impunité.

«  La politique continue d’expansion territoriale d’Israël repose sur la colonisation et l’apartheid. L’accélération actuelle de cette politique a pour conséquence des violations des droits humains d’une gravité et d’une ampleur presque jamais observées dans l’ensemble de la Palestine  », déclare Diana Alzeer, vice-présidente de la FIDH et représentante d’Al-Haq. Elle ajoute : « L’accaparement des terres, l’annexion et l’exploitation des ressources naturelles par Israël sont contraires aux droits des Palestinien⋅nes au développement, ainsi qu’à toute aspiration des Palestinien⋅nes à vivre libres, dans la justice et la dignité, et à exercer leur droit à l’autodétermination et pour les réfugié⋅es palestinien⋅nes leur droit au retour. »

« L’invasion militaire en cours de la bande de Gaza a entraîné un renouvellement de la présence israélienne sur le territoire, matérialisant l’objectif génocidaire annoncé en octobre voulant rendre Gaza inhabitable pour les Palestinien⋅nes », déclare Yosra Frawes, responsable du bureau Moyen-Orient et Afrique du Nord à la FIDH. « Israël a clairement l’intention de garder la mainmise sur Gaza et même si la population est autorisée à retourner dans la partie nord de l’enclave, ce sera très probablement sous l’occupation permanente des colons et de l’armée israélienne ».

Alors que les pénuries alimentaires à Gaza entraînent une augmentation de la malnutrition et de la faim sévère au sein de la population, exposant des millions de Gazaoui⋅es à un risque imminent de famine, plus de 32 000 Palestinien⋅nes ont été tué⋅es et des milliers d’autres sont toujours porté⋅es disparu⋅es depuis octobre 2023. Plus de 70 % des logements et des structures de la bande de Gaza ont été détruits. Début avril 2024, Israël a continué de bloquer les pourparlers de trêve menés par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, ignorant la résolution juridiquement contraignante du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat. Désormais le gouvernement israélien a commencé à étendre ses opérations militaires à Rafah, où plus de la moitié de la population de Gaza a été déplacée, avec des raids aériens qui ont tué au moins 31 personnes, dont 14 enfants les 26 et 27 mars 2024.

L’occupation israélienne n’a jamais été aussi terrible pour les Palestinien⋅nes

Depuis octobre 2023, Israël a déployé une politique de déploiement systématique de la force létale dans le TPO. En date du 27 mars 2024, 446 Palestinien⋅nes avaient été tué⋅es en Cisjordanie et à Jérusalem, dont 113 enfants, et 4 à l’intérieur de la ligne verte. Depuis octobre 2023, Israël a également arrêté plus de 5 500 Palestinien⋅nes, soumettant certain⋅es à des traitements s’apparentant à de la torture. Cette augmentation de la violence d’État se traduit également par une augmentation de la violence des colons et une accélération radicale de la construction des colonies. En un peu moins de six mois, 22 communautés palestiniennes de Cisjordanie ont été déplacées de force, tandis que 40 autres font l’objet de diverses formes d’attaques. Récemment, Israël a annoncé son intention de construire 3 476 logements supplémentaires pour les colons à Maale Adoumim, Efrat et Kedar.

Les principes directeurs de l’actuel gouvernement israélien, formé en décembre 2022, déclarent explicitement que « le peuple juif a un droit exclusif et incontestable sur toutes les régions de la terre d’Israël  » et s’engagent à « promouvoir et développer les colonies dans toutes les régions de la terre d’Israël - en Galilée, dans le Néguev, dans le Golan (illégalement annexé), en Judée et en Samarie (Cisjordanie occupée)  ». Le transfert des pouvoirs administratifs des territoires occupés au gouvernement israélien et l’extension de l’autorité juridique civile directe sur les colonies équivaut à une annexion de droit. Ce faisant, Israël procède à l’annexion du territoire palestinien occupé. Ces derniers mois, de nombreux responsables israélien⋅nes, appuyé⋅es par des mouvements de colons, ont appelé à la «  réinstallation » dans le nord de Gaza et dans les lieux que l’armée israélienne a détruits au cours du génocide en cours dans la bande de Gaza.

La communauté internationale doit prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux graves crimes internationaux et aux violations des droits humains à Gaza. Il s’agit notamment des mesures suivantes.

 Prendre des mesures urgentes pour assurer la mise en œuvre immédiate d’un cessez-le-feu permanent afin de mettre fin aux souffrances humaines, de permettre le retour des otages civil⋅es et de fournir l’aide humanitaire nécessaire et suffisante.
 Prendre des sanctions restrictives et efficaces à l’encontre des autorités responsables des crimes graves commis à Gaza et notamment mettre un terme aux transferts d’armes vers Israël, y compris les licences d’exportation et l’aide militaire.
 Continuer à œuvrer pour l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire aux civil⋅es de Gaza et, à cet égard, continuer à soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
 Continuer à condamner toutes les violations du droit international par toutes les parties impliquées dans le génocide à Gaza.
 Soutenir les efforts visant à enquêter, poursuivre et punir les responsables des atrocités commises à Gaza.
 Les États tiers doivent envisager d’imposer des sanctions politiques et utiliser tous les moyens de pression pour s’assurer qu’Israël et les autres États respectent leurs obligations, notamment en empêchant la commission de nouveaux crimes et de crimes contre l’humanité à l’encontre du peuple palestinien.

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