Elections le 24 septembre 2000.

23/09/2000
Communiqué

Tous les regards sont une fois encore tournés vers Milosevic.

A la veille des élections qui doivent se tenir le 24 septembre en Serbie,
la FIDH publie sur son site internet un dossier détaillant chacune des méthodes répressives utilisées au quotidien par le pouvoir de Belgrade à l’encontre de la société civile

http://www.fidh.org/serbie/

Milosevic et ses alliés continuent, à l’aube des scrutins du 24 septembre 2000, de mener, avec le même acharnement, leur politique multiforme de répression et de terreur. L’objectif est clair : se maintenir au pouvoir à tout prix et à cette fin, briser toute velléité démocratique. Les méthodes utilisées sont aussi variées que pernicieuses : campagne de discrédit, menaces, passages à tabac, tracasseries administratives et policières, interpellations, arrestations, poursuites judiciaires, procès iniques. Tous les secteurs de la société civile sont la cible des autorités, les membres des partis politiques d’opposition, les militants du mouvement OTPOR (Résistance), les défenseurs des droits de l’Homme, les médias indépendants, les juges...

Un peu plus d’un mois après la condamnation à 7 ans de prison du journaliste Miroslav Filipovic à la suite de la diffusion de témoignages sur les exactions commises par l’armée yougoslave au Kosovo, Natasa Kandic, directrice du Humanitarian Law Center, est, pour des raisons similaires, menacée de poursuites judiciaires par l’armée yougoslave.

La longue guerre d’usure contre les médias, quant à elle, se poursuit. Récemment encore, le 7 septembre, la TV Rosulja a été expulsée de ses locaux et le 9 septembre l’émetteur de la télévision indépendante TV Cacak a été saisi.

La répression à l’égard du mouvement OTPOR ne cesse de s’amplifier. Les perquisitions dans ses locaux ainsi que les interpellations de militants se sont multipliées ces derniers jours. Dernier exemple en date, le 17 septembre, 3 activistes ont été condamnés à 10 jours de prison pour avoir " troublé l’ordre public " en couvrant des murs de graffiti au terme d’un procès inique.

La magistrature est aujourd’hui un instrument efficace au service de la politique de Milosevic comme peuvent en témoigner les jugements prononcés contre les intellectuels, les militants et surtout contre les albanais du Kosovo détenus en Serbie à l’instar de la poète et défenseur des droits de l’Homme Flora Brovina.

L’organisation des élections participe aussi de cette même stratégie ; elle relève d’une manipulation de Milosevic pour renforcer ses propres pouvoirs au sein de la Fédération yougoslave. La réforme constitutionnelle dont ces élections sont issues a été adoptée au mépris des règles prévues par la Constitution, et notamment sans consultation ni accord préalable des parlements des deux fédérations. Ses dispositions rompent l’équilibre entre les deux républiques et remettent en cause le principe même du fédéralisme en niant la souveraineté du Monténégro au risque de provoquer une nouvelle désintégration de la RFY.

Le dispositif électoral mis en place au niveau fédéral et local viole de façon flagrante les normes régionales et internationales applicables en l’espèce. L’OSCE qui s’est vu refuser la possibilité d’observer les élections, estime d’ailleurs que les lois électorales " laissent une place considérable aux abus ". Tout est en place pour qu’une fois de plus, l’arbitraire l’emporte.

Le déroulement de la campagne en Serbie, et surtout au Monténégro et au Kosovo ne fait qu’exacerber les tensions au sein même des sociétés civiles et aura sans nu doute des répercussions durables.

Milosevic, mis en accusation le 24 mai 1999 par le Tribunal pénal international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, continue de diriger d’une main de fer la RFY tout en narguant la communauté internationale. Acceptera t-il sans les mainpuler, les résultats des élections qui semblent aujourd’hui lui être défavorables ? Cela apparaît peu probable.

En mettant en ligne ce dossier, la FIDH tient à apporter un entier soutien à tous ceux qui aujourd’hui luttent en faveur des libertés fondamentales et de la démocratie en Serbie. Elle lance un appel à la communauté des Etats pour que ceux-ci accroissent leur pression contre le régime autoritaire de Slobodan Milosevic.

Vous trouverez dans ce dossier :
· une analyse de Florence Hartmann, journaliste et auteur de Milosevic, la diagonale du fou, 1999.
Ainsi qu’une présentation de la situation :
· des mouvements d’opposition politique ;
· des défenseurs des droits de l’Homme ;
· des médias indépendants ;
· des prisonniers albanais détenus en Serbie ;
· de la magistrature ;
· de la réforme constitutionnelle et de l’organisation des élections du 24 septembre.
Les liens avec les principales associations et organisations locales, régionales et internationales figurent pour chaque thème abordé par ce dossier.

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