Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Oleksandra Matviichuk, Prix Nobel de la paix : « La Russie a peur de la liberté »

L’avocate ukrainienne des droits humains revient, dans un entretien au « Monde », sur une année de guerre, plaidant pour la création d’un tribunal spécial sur le crime d’agression. Une instance qui permettrait de juger Vladimir Poutine.

Propos recueillis par 

Publié le 24 février 2023 à 17h30, modifié le 25 février 2023 à 05h01

Temps de Lecture 6 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

L’Ukrainienne Oleksandra Matviitchuk, présidente de l'ONG Centre pour les libertés civiles et prix Nobel de la paix 2022, à Paris, le 27 octobre 2022.

Oleksandra Matviichuk, 39 ans, est une avocate ukrainienne, directrice du Centre pour les libertés civiles. Elle a reçu, conjointement avec l’ONG russe Memorial et l’opposant biélorusse Ales Bialiatski, le prix Nobel de la paix 2022.

Quel premier bilan tirez-vous, un an après l’invasion russe de l’Ukraine ?

C’est une année très difficile. Cela fait neuf ans que nous documentons des crimes, mais pas de cette ampleur ni de ce niveau de douleur humaine. Ce ne sont pas que des violations des Conventions de Genève. Ce sont des souffrances infinies, infligées par la Russie pour briser la résistance des Ukrainiens. Avec les ONG de l’initiative « Un tribunal pour juger Poutine », nous avons déjà documenté 31 000 épisodes de crimes de guerre. Et nous avons pour objectif de documenter tous les crimes.

D’un point de vue humain et personnel, il est très dur de faire face à une guerre de cette ampleur. Pas seulement pour des raisons sécuritaires, parce qu’il n’y a nulle part où s’abriter des missiles russes. La vie devient incertaine, on ne peut plus programmer une journée ni même la prochaine heure. On ne sait pas quand il faudra descendre aux abris ni quand l’électricité et Internet seront coupés.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Kiev, le moral inaltérable des habitants soumis à un déluge de feu

Cela dit, cette année a aussi démontré que les gens sont plus forts qu’une des plus puissantes armées du monde. Il y a eu une vague de solidarité extraordinaire. Les Ukrainiens se sont révélés par leur courage, leur détermination à lutter pour la liberté. Des gens risquent leur vie pour en aider d’autres qu’ils ne connaissent pas. Cela donne un sens au fait d’être un être humain.

L’Ukraine soutient l’idée d’un tribunal spécial sur le crime d’agression, en plus du travail de la Cour pénale internationale (CPI). Comment juger les crimes commis par l’armée russe ?

Il y a eu un crime d’agression, l’invasion injustifiée de l’Ukraine par la Russie. Au regard du droit, c’est un crime international. Or, il ne peut actuellement être jugé ni par la CPI ni par les tribunaux ukrainiens. C’est pourquoi nous souhaitons la création d’un tribunal spécial chargé de juger [Vladimir] Poutine. Pour l’Ukraine, mais aussi pour d’autres nations. Face à ceux qui agressent des pays, dans le sang, au XXIe siècle, il faut un tribunal sur le crime d’agression. Sinon, que devient le monde ? La guerre en Ukraine est la preuve que le système international ne fonctionne pas, que seuls des pays puissants dotés de l’arme nucléaire sont à l’abri d’une agression. Il faut donc réinventer un système international de sécurité, pour éviter le scénario apocalyptique selon lequel chaque pays ne songerait qu’à s’armer, voire à développer des armes nucléaires, si c’est la seule façon de se protéger. Il faut juger le crime d’agression russe pour protéger le monde civilisé.

Il vous reste 71.39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.