Retour en Tchétchénie pour Memorial et des organisations internationales des droits de l’Homme

16/12/2009
Communiqué
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Il y a cinq mois la communauté des droits de l’Homme en Russie et dans le monde a perdu une amie et collègue, Natalia Estemirova, militante très engagée au sein de l’organisation Memorial dans la République Tchéchène de la Fédération de Russie. A la suite de son assassinat le 15 juillet 2009, Memorial a suspendu toute activité en Tchétchénie. Depuis, les autorités continuent d’avoir recours à l’intimidation et à la persécution contre les défenseurs des droits de l’Homme ainsi que contre ceux qui demandent justice pour les violations des droits de l’Homme. Plusieurs d’entre eux ont été contraints de quitter la Russie en raison des menaces qui pesaient sur leur vie.

Dès lors, les victimes de violations des droits de l’Homme en Tchétchénie n’ont plus personne vers qui se tourner. Des violations telles que des disparitions forcées, la torture et les mauvais traitements continuent d’y être signalées. Les foyers des familles des combattants présumés continuent d’être incendiés. Tandis que les auteurs de ces crimes, eux, continuent de bénéficier d’une impunité totale.

L’absence de suivi et de rapports sur la situation droits de l’Homme dans ce contexte est dangereuse et lourde de conséquences. En novembre dernier, plus de 80 organisations russes de défense des droits de l’Homme ont adressé une lettre à Memorial, l’exhortant à retourner en Tchétchénie et en s’engageant à apporter leur soutien par tous les moyens à leur disposition. Plusieurs de ces organisations se sont regroupées pour former une Mission de suivi en Tchétchénie où elles ont commencé à travailler récemment.

Aujourd’hui, le 16 décembre 2009, Memorial, représentée par Oleg Orlov et Sergei Kovalov ainsi que par Ludmila Alekseeva du groupe Moscou Helsinki, recevra, des mains du Parlement Européen, le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. C’est avec tristesse que nous regrettons que notre amie et collègue Natalia Estemirova ne soit plus parmi nous pour recevoir ce prix.

Lors du discours qu’il avait tenu lors de la remise du prix Nobel, Andrei Sakharov avait déclaré : « il faut aujourd’hui que l’on se batte pour chacun contre l’injustice et les violations des droits de l’Homme. Notre futur en dépend en partie ».

Nous, Amnesty International, Human Rights Watch, FIDH, Memorial, Les Défenseurs des droits civiques et le groupe Moscou Helsinki travailleront conjointement avec les organisations russes des droits de l’Homme et d’autres organisations internationales sur la situation en Tchétchénie. Nous faisons de la dénonciation des violations commises en République Tchétchène notre responsabilité commune. Nous continuerons à travailler pour mettre fin aux violations des droits de l’Homme dans cette république et nous nous assurerons que leurs auteurs soient jugés pour leurs actes. Le peuple tchétchène ne doit pas être privé de justice et de réparation.

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