Russie : 2012-2013, l’offensive contre les libertés

30/01/2014
Rapport
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Les autorités russes ont mené ces deux dernières années la plus grande offensive contre les libertés depuis la fin de l’Union soviétique, constatent, dans un rapport publié aujourd’hui, la FIDH et son organisation membre ADC Memorial.

Le rapport, intitulé « Russie : 2012-2013, l’offensive contre les libertés », dresse un constat alarmant de l’arsenal judiciaire mis en place par le régime de Poutine depuis qu’il a été réélu président en 2012. De nombreuses lois ont été adoptées ou amendées au service de la répression des voix contestataires. Les droits les plus fondamentaux ont été remis en cause : informer, manifester, se constituer en association, affirmer l’égalité des orientations sexuelles, etc.

« Tout a été mis en place pour désarmer et diffamer la société civile russe » a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH. « Le mouvement d’opposition civique et pacifique a été considérablement affaibli en un an par les violences et les persécutions judiciaires. Limitées dans leurs actions, les ONGs ont de plus en plus de mal à aider les victimes de l’arbitraire du pouvoir. » a t-il ajouté.

Les actes de répression dans le sillage de ces lois sont permanents. Tous les jours, des militants de l’opposition, des journalistes, des artistes et des défenseurs des droits humains sont poursuivis en justice. Les chefs d’accusation sont parfois absurdes. ADC Memorial a récemment été poursuivi à cause de la « nuisance électromagnétique » de leurs ordinateurs.

Cette association, internationalement reconnue pour sa défense des droits des migrants, des Roms et des minorités, a fait l’objet de multiples procès en 2013. Elle a été condamnée le 12 décembre dernier en tant qu’« agent étranger » pour avoir "rédigé et soumis" un rapport au Comité contre la torture de l’ONU sur les violations des droits des activistes, des migrants et des Roms par la police.

Les récentes libérations des Pussy Riots, de Khodorkovsky et des militants de Greenpeace ne constituent en aucune manière un recul de la politique répressive du régime russe. A titre d’exemple, la nouvelle loi encadrant l’information sur le web et autorisant la censure de tout contenu jugé subversif a été adoptée la même semaine que l’annonce des libérations des prisonniers politiques. La volonté de renforcer cet arsenal judiciaire continue, à l’image de la loi actuellement à l’étude à la Douma qui permettrait à des milices populaires d’user de la force sans faire appel à la police.

« L’acharnement judiciaire dont sont victimes les personnes qui avaient manifesté le 6 mai 2012 sur la place Bolotnaya témoigne de l’ampleur de la répression ; tout comme les peines qui ont dernièrement été requises contre elles. Ces personnes doivent être libérées immédiatement », a déclaré Stefania Kulaeva dirigeante d’ADC Memorial. "Ces lois doivent être abrogées pour empêcher la Russie de renouer avec la pratique soviétique de la chasse aux libertés. Ces lois contredisent d’ailleurs la Constitution de la Fédération russe et tous les traités et normes internationaux ratifiés par la Russie" a-t-elle ajouté.



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