Kirghizistan : détention arbitraire des militant⋅es contre l’accord de démarcation de la frontière

Vyacheslav Oseledko / AFP

4 novembre 2022 - La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres sont préoccupées par les détentions arbitraires massives de militant⋅es et autres critiques d’un accord controversé de démarcation de la frontière avec l’Ouzbékistan et appellent les autorités à respecter le droit à la liberté d’association et d’expression. Les groupes de défense des droits kirghizes avertissent que ces détentions sont le signe du rétrécissement de l’espace de la société civile au Kirghizistan.

Le 23 octobre 2022 au Kirghizistan au moins 21 militant⋅es, journalistes et hommes politiques, dont Rita Karasartova, Asiya Sasykbaeva, Atai Beishenbek, Klara Sooronkulova et Gulnara Dzhurabaeva, ont été fouillé⋅es et arbitrairement détenu⋅es, après avoir critiqué un projet d’accord de démarcation de la frontière entre le Kirghizistan et l’Ouzbékistan. Cet accord, signé le 26 septembre 2022, prévoit la cessation à l’Ouzbékistan du territoire du réservoir d’eau de Kempir-Abad.

Le 25 octobre 2022, un tribunal de Bichkek a ordonné la détention provisoire de deux mois pour les personnes détenues, lesquelles ont été victimes de nombreuses irrégularités de procédure dans leur détention. Le ministère de l’Intérieur du Kirghizistan a affirmé qu’il menait des enquêtes sur l’organisation présumée d’une « émeute de masse  », un crime passible d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans d’emprisonnement aux termes du Code pénal de la République kirghize.

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres kirghizes Bir-Duino, Kylym Chamy et Legal Clinic «  Adilet  », condamnent fermement la répression actuelle contre les critiques du gouvernement et demandent la libération de toutes les personnes illégalement détenues en représailles de l’exercice de leurs droits légitimes à la liberté d’expression et de réunion.

« Les arrestations massives, qui semblent arbitraires, de militant⋅es et de politicien⋅nes violent les droits des citoyens à la liberté d’expression et de réunion. »

Cholpon Dzhakupova, Legal Clinic de la Fondation publique Adilet.

«  En outre, une mesure préventive sous forme de détention a été choisie pour tou⋅tes les accusé⋅es sans tenir compte des circonstances individuelles, ce qui contredit à la fois les normes du Code de procédure pénale et la pratique judiciaire, suggérant que l’affaire est motivée par des raisons politiques », poursuit Cholpon Dzhakupova, cheffe de la Legal Clinic de la Fondation publique Adilet.

Les détentions ont eu lieu après que les opposant⋅es au projet d’accord frontalier se soient rassemblé⋅es au sein d’un comité nouvellement créé pour la protection de Kempir-Abad. Les militant⋅es avaient fait part de leurs inquiétudes concernant le projet d’accord, qui pourrait priver les agriculteur⋅ices kirghizes et les habitant⋅es de la région de l’accès aux ressources en eau, et souligné le manque de transparence du processus décisionnel. Le Comité prévoyait de protester contre l’accord, notamment en organisant des rassemblements pacifiques. La plupart des personnes détenues sont des membres de ce Comité.

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