La FIDH et Viasna exigent l’abandon des charges contre les participants à la Marche de Tchernobyl

02/05/2013
Communiqué
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La FIDH et le centre de défense des droits de l’Homme Viasna exigent l’abandon des charges contre les six personnes – parmi lesquels deux journalistes, un défenseur des droits de l’Homme, et un activiste – poursuivies après avoir pris part à la commémoration annuelle de l’accident nucléaire de Tchernobyl.

« Les associations de défense des droits de l’Homme qui ont observé la manifestation ce jour-là ont affirmé que celle-ci s’est déroulée de façon pacifique, sans incidents et en totale conformité avec les autorisations délivrées par la municipalité de la ville de Minsk. Je crois donc que la détention puis les arrestations administratives des participants à ce rassemblement pacifique et autorisé sont totalement illégales et constituent un outrage aux droits constitutionnels des citoyens. L’arrestation de journalistes dans l’exercice de leurs fonctions démontre clairement le traitement répressif du régime à l’égard de la liberté d’expression dans le pays », a déclaré le vice-Président de Viasna, Valiantsin Stefanovich.

« Ces charges et détensions constituent de façon évidente une tentative pour entretenir un climat de peur parmi les Bélarusses qui manifestaient pacifiquement et avec les autorisations légales requises »
, a ajouté la Présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen.

Le 29 avril 2013, deux journalistes de Radio Racyja Henadz Barbarych and Aliaksandr Yarashevich ont été condamnés à trois jours de détention chacun pour « désobéissance aux ordres de la police » alors qu’ils couvraient l’évènement. Le défenseur des droits de l’Homme Viachaslau Dashkevich, qui observait la marche a été condamné à cinq jours de détention administrative pour les mêmes charges. L’activiste Ihar Trukhanovich a été condamné à dix jours de détention pour participation à un rassemblement illégal et refus d’obéir aux ordres de la police. Deux autres participants au rassemblement – Dzmitry Charniak and Aliaksandr Tarnahurski – ont été chacun condamnés à dix jours de détention pour des charges similaires. Plusieurs autres cas de détention, avant, pendant et après le rassemblement ont également été relevés.

Contexte :

Une commémoration de la catastrophe de Tchernobyl a lieu tous les ans le 26 avril. Cette année, la manifestation était autorisée et s’est déroulée pacifiquement, à l’exception des interventions des forces de l’ordre.

A 18h30, les participants se sont réunis près du cinéma Octobre à Minsk. Ils brandissaient des banderoles disant « Nos vies : le prix de la centrale nucléaire », « Non à la construction de la centrale nucléaire », « L’été 86 a été chaud : pour qui ? ». Des jeunes gens avec des masques en tissu ont distribué des tracts ayant pour titre « Les dépenses budgétaires pour la centrale nucléaire ne laissent rien pour les salaires ». Dans la foule, on pouvait apercevoir les drapeaux de différents groupes de la société civile, « Bélarus européen », le mouvement « Dis la vérité », « Démocratie chrétienne bélarusse », le Front populaire Bélarusse. Les participants en tête de la manifestation portaient l’icône de La Vierge Marie de Tchernobyl. Ils clamaient « Longue vie au Belarus », « Non aux centrales nucléaires au Belarus », « Astravietz est le second Tchernobyl » et ont exigé la libération de tous les onze prisonniers politiques, en citant leurs noms.

Le lieu du rassemblement, place Bangalore, était entouré de barrières en métal et de bandes jaunes. Les unités spéciales (OMON) ont fouillé attentivement chaque participant à la manifestation, l’usage des haut-parleurs n’a pas été permis sur la tribune, en dépit du fait que les organisateurs en avaient obtenu l’autorisation à l’avance.

Pendant le meeting, une résolution a été adoptée qui exige l’arrêt de la construction de la centrale nucléaire d’Astravets et la libération de tous les prisonniers politiques. La fondation du comité écologique national en l’honneur d’ Ivan Nikitchanka a également été annoncée.

Les deux journalistes de Radio Racyja, Henadz Barbarych et Aliaksandr Yarashevich, ont été interpellés après la fin du rassemblement, vers 22h. Tous deux avaient leur carte de presse avec eux mais ils ont été conduits au commissariat du quartier Savietski. Le policier alors en service a néanmoins nié que des interpellés aient été amenés dans ce commissariat. A minuit, les collègues des journalistes les ont vus être conduits au centre de détention de la rue Akretsina. Selon l’officier de service du centre de détention, les journalistes ont été accusés d’avoir désobéi aux ordres de la police (art.23.4 du code des violations administratives). Néanmoins, les gardes ont refusé de prendre un colis pour les détenus ce matin, disant qu’il ne pourrait être transmis qu’après leur procès, qui doit avoir lieu lundi.

Lors d’un autre incident, deux journalistes de Nasha Niva ont été arrêtées puis libérées un peu plus tard. Aksana Rudovich et Iryna Arakhouskaya avaient essayé de photographier l’arrestation de l’anarchiste Ihar Trukhanovich, à la suite de quoi elles ont été poursuivies et détenues dans un trolleybus. Les journalistes ont été emmenées dans fourgonnette bleue par des gens qui ne se sont pas présentés puis conduites dans le même commissariat. Là, la police a regardé les vidéos tournées par les deux journalistes, puis vérifié leurs papiers d’identité avant de les libérer.

Le 26 avril, les journalistes indépendants Aliaksandr Barazenka et Nasta Yaumen ont également été brièvement détenus à Astravets où ils étaient venus faire un reportage sur un déplacement d’activistes de l’opposition sur le site de construction de la centrale nucléaire.

Avant le rassemblement, plusieurs activistes du mouvement écologique opposés à la construction de la centrale nucléaire ont été mis en détention. Par exemple, la présidente du Conseil d’Ekodom Iryna Sukhiy, ainsi que les activistes Vasil Siniukhin, Kanstantsin Kirylenka and Volga Kaskevich devant leurs domiciles. Ils ont été maintenus au commissariat de Piershamaiski, et libérés dès la fin de la marche de Tchernobyl. D’autres écologistes, maintenus de force dans leurs appartements, ont ainsi été empêchés de prendre part à la manifestation. Ils avaient prévu de protester contre la construction de la centrale nucléaire au Belarus à la marche de Tchernobyl de 2013.

Plus tôt le même jour dans la ville d’Astraviets dans la région de Grodna où la centrale nucléaire est en train d’être construite, le dirigeant du Parti Uni Civique Anatol Liabedzka et plusieurs journalistes qui l’accompagnaient ont été arrêtés à deux reprises.

Le militant des droits de l’Homme, Viachaslau Dashkievich, a été arrêté près du commissariat Savietski où certains détenus ont été emmenés. Après le rassemblement, le militant du mouvement anarchiste Ihar Trukhanovich, a été passé à tabac par quatre officiers des services spéciaux, habillés en civil.

Voir le nouveau site internet qui documente les violations des droits humains au Bélarus.

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