Maldives : la communauté internationale doit immédiatement envoyer des observateurs afin de prévenir de nouvelles violations des droits humains

27/08/2012
Communiqué
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Paris/Bangkok, 27 août 2012. La FIDH exprime ses vives inquiétudes à propos des risques d’actes violence attendus aux Maldives suite à la publication d’un rapport de la Commission Nationale d’Enquête (CoNI) le 30 août. Cette Commission a été établie en mai dernier afin de déterminer la nature de la transition politique qui s’y est déroulée en février. La FIDH demande à la communauté internationale d’envoyer immédiatement des observateurs à Malé pour mettre un terme à la détérioration de la situation des droits de l’Homme dans le pays.

Le processus de réforme constitutionnelle qui a commencé aux Maldives en juin 2004 a abouti aux premières élections présidentielles démocratiques en 2008, fermant la page d’une période de trente ans de dictature sous le régime de Maumoon Abdul Gayoom. Mohamed Nasheed (alias ’Anni’) est devenu le premier président des Maldives élu démocratiquement.

Le 7 février 2012, le Président Nasheed a démissionné suite à une mutinerie au sein de la police, et a été remplacé par un gouvernement de coalition formé de partis d’opposition, mené par son ancien vice-Président Mohamed Waheed. Suite à un transfert de pouvoir constitutionnel, décrit par certains, dont le Parti Démocratique Maldivien (MDP) de Mohamed Nasheed, comme un coup d’état ou un transfert de pouvoir forcé, les réformes ont été interrompues et sont même désormais en passe d’être remises en cause. Les manifestations populaires en faveur de la démocratie ont été fermement réprimées. Allié à la coalition du Président Waheed, l’ancien Président Gayoom a publiquement annoncé le 31 juillet son intention d’ignorer les conclusions de la CoNI si celles-ci s’avéraient « défavorables ».

La FIDH s’est rendue à Malé au cours du mois d’août, et a aussi pu y observer la détérioration de la liberté de la presse aux Maldives au cours des derniers mois. L’influence du Ministère des Affaires Religieuses et l’extrême polarisation des médias ont été problématiques tout au long du processus de réforme, et depuis février, les autorités ont été accusées de harceler les médias favorables à l’opposition.

En juin, le célèbre blogueur Hilath Rasheed a été attaqué par des fondamentalistes après avoir publiquement plaidé en faveur de la liberté de religion. Il a survécu de peu après avoir été poignardé dans le cou, et a par la suite fui les Maldives. "La FIDH a pu établir le manque de confiance de la population envers les institutions publiques, qui sont perçues comme incapables de lutter contre l’impunité dont bénéficient les personnes coupables de violations des droits humains. Les autorités n’ont entre autre pas mené d’enquête impartiale à la suite de violences policières. Malgré toutes les preuves disponibles, l’enquête à propos de la tentative d’assassinat contre le défenseur des droits de l’Homme Hilath Rasheed n’a pas progressé, a affirmé Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

"Depuis février, nous avons observé une élévation du niveau de violence politique aux Maldives, ainsi que la multiplication des arrestations arbitraires, des cas de harcèlement à caractère sexuel à l’encontre de manifestantes, et le harcèlement juridique et physique de leaders de l’opposition, y compris des tentatives de meurtre. Dans un tel contexte, l’approche attentiste adoptée par la communauté internationale ne peut plus durer et est irresponsable, a-t-elle ajouté.

"La FIDH appelle la communauté internationale à envoyer des observateurs à Malé à l’occasion de la publication du rapport de la CoNI. De plus, le gouvernement des Maldives doit prouver sa volonté de promouvoir et protéger la liberté d’assemblée en proposant immédiatement des dates pour la mission aux Maldives du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la liberté de réunion pacifique et d’association, a conclu Souhayr Belhassen.

Pour lire le rapport en anglais de la FIDH sur la violence politique aux Maldives (août 2012), cliquer ici.

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