Laos : la situation des minorités demeure alarmante

27/02/2012
Communiqué
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Alors même que la République démocratique populaire Lao (RDPL) est partie à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (ICERD) depuis 1974, les minorités ethniques continuent d’être discriminées et leurs droits fondamentaux et libertés restent entravés : cela est incompatible avec les obligations de la RDPL vis-à-vis du droit international, déclarent la FIDH et son organisation membre, le Mouvement Lao pour les droits de l’Homme (MLDH).

La RDPL se présentera devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) cette semaine à Genève. Dans un rapport alternatif soumis au Comité, le MLDH a détaillé les différences entre la rhétorique de l’Etat sur l’égalité ethnique et les réalités dans le pays, caractérisées par de nombreuses pratiques discriminatoires qui portent gravement atteinte aux droits des minorités ethniques, à l’égalité et à la liberté d’expression, de réunion, d’association et de religion. Le rapport dévoile que les discriminations sont dirigées non seulement contre les Hmongs mais également contre d’autres minorités comme les Miens, les Khmus et les Oïes. Les personnes appartenant à des minorités à la fois ethnique et religieuse endurent une double discrimination.

La situation des Lao-Hmongs est particulièrement préoccupante. « Les exactions commises par le gouvernement à l’ encontre des Hmongs se poursuivent en raison de l’engagement militaire de leurs parents ou grand-parents aux côtés des Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam », dit le rapport. S’il est difficile d’obtenir un nombre exact, on estime qu’entre 2000 et 3000 Hmongs vivent encore cachés dans la jungle de la région de Saysomboune, au nord du Laos. La détention et la disparition de plusieurs Hmong qui se sont se rendus aux autorités à partir de 2005 ont créé un climat de méfiance parmi ceux qui restent encore dans la forêt. Il craignent en effet d’être persécutés par le gouvernement s’ils se rendent. La majorité des 2000 Hmongs qui se sont rendus aux forces gouvernementales a été placée dans des camps, jamais autorisée à retourner dans leurs villages. L’accès à ces personnes est systématiquement refusé aux organismes humanitaires indépendants et aux ONG internationales de défense des droits de l’Homme.

Environ 4700 Lao-Hmongs ont été rapatriés de force par les autorités Thaï vers le Laos fin 2009. 158 d’entre eux avaient pourtant déjà obtenu le statut de réfugié. Rapatriés, il sont alors placés dans les camps de Phonekham, province de Bolikhamsay et les camps de Phalak et Nongsan, province de Vientiane. Le gouvernement lao a constamment refusé l’accès de ces camps aux observateurs indépendants internationaux. La seule visite par des journalistes étrangers et des diplomates en mars 2010 a été orchestrée par les autorités et n’a pas permis d’échanges libres et non-surveillés permettant de vérifier le traitement dont ils font l’objet par les autorités.

«  Le 9ème Sommet Asie-Europe (ASEM) qui se déroulera cette année à Vientiane en novembre constitue une occasion sans précédent pour le gouvernement du Laos de démontrer son engagement envers la communauté internationale en prenant des mesures pour améliorer la situation des droits de l’Homme, et en particulier celle des Hmongs », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

«  Le Laos doit prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que les lois existantes sont conformes à l’ICERD et aux autres traités internationaux qu’il a ratifié. Le gouvernement doit, à tous les niveaux, par la loi et en pratique, mettre fin à toutes les discriminations à l’encontre des minorités ethniques,’’ a souligné Vanida S. Thephsouvanh, Présidente du MLDH. "Le gouvernement doit faire des réformes politiques audacieuses pour renforcer l’Etat de droit afin de mettre en place les fondements institutionnels nécessaires à l’émergence d’une culture démocratique et d’institutions qui permettront de sanctionner les discriminations à l’encontre des minorités ».

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