Dix ans après leur arrestation, quatre dirigeants du Mouvement du 26 octobre 1999 restent en détention

23/10/2009
Communiqué
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Paris-Genève, le 23 octobre 2009. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et le Mouvement laotien pour les droits de l’Homme (MLDH) expriment leur plus vive préoccupation au sujet de la détention arbitraire prolongée de quatre membres du Mouvement des Etudiants Laotiens du 26 octobre 1999 pour la Démocratie, un groupe qui avait organisé une manifestation pacifique à Vientiane cette journée afin de dénoncer l’injustice sociale et appelant au respect des droits de l’Homme et aux réformes démocratiques au Laos.

Condamnés à 20 ans de prison pour « avoir généré des émeutes sociales et mis en danger la sécurité nationale » suite à leur participation aux manifestations pacifiques du 26 Octobre 1999, MM. Thongpaseuth Keuakoun, Seng-Aloun Phengphanh, Bouavanh Chanmanivong et Kèochay sont toujours incarcérés dix ans après les faits dans la prison de Samkhé dans la province de Vientiane, alors qu’en mai 2004, des co-détenus qui venaient d’être libérés ont informé que M. Khamphouvieng Sisa-At était décédé en prison fin 2001, manifestement de malnutrition et de mauvais traitements alors qu’il était détenu à la prison de Samkhe. En instrumentalisant la loi de « sécurité nationale », le gouvernement laotien impose aux dissidents des peines réservées aux criminels, montrant ainsi son mépris pour les droits de l’Homme en toute impunité.

Depuis 10 ans, le gouvernement laotien a toujours refusé de fournir des informations cohérentes sur les lieux de détention ou l’état de santé des membres du Mouvement du 26 octobre 1999. Le 20 mars 2007, alors qu’il répondait à des questions de membres du Parlement Européen lors d’une visite officielle à Vientiane, le Président de l’Assemblée Nationale, M. Thongsing Thammavong a déclaré que ces prisonniers de conscience avaient déjà été « relâchés fin 2006 mais qu’aucune annonce officielle n’avait été faite ». Cependant, à cette date, aucun d’entre eux n’est en liberté et aucun signe ne laisse espérer leur libération imminente.

En septembre 2009, le Laos a ratifié le Pacte International sur les droits civils et politiques (PIDCP), qui oblige les Etats parties à garantir la liberté d’expression et d’association de leurs citoyens et à appliquer l’ensemble des articles de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme. En accord avec l’article 5 du PIDCP, les prisonniers doivent être traités dans le respect des standards internationaux relatifs aux droits de l’Homme. L’arrestation de ces manifestants pacifiques, ainsi que la mort de l’un d’entre eux en détention montrent clairement l’échec du gouvernement laotien en matière d’application des obligations dérivées des instruments internationaux de protection qu’il a ratifiés cette année.

L’Observatoire et le MLDH exigent au gouvernement d’honorer ses engagements a respecter le PIDCP, ainsi que ses engagements internationaux liés à la déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme de 1998 en tant qu’Etat Membre des Nations Unies, en procédant à la libération immédiate et inconditionnelle de MM. Thongpaseuth Keuakoun, Seng-Aloun Phengphanh, Bouavanh Chanmanivong et Kèochay dans la mesure où elle ne vise qu’à sanctionner leurs activités de droits de l’Homme. . Par ailleurs, les autorités laotiennes devraient ouvrir une enquête immédiate, indépendante, exhaustive et impartiale sur la mort de M. Khamphouvieng Sisa-At pendant sa détention, et en rendre les résultats publics, ce afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial afin d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi.

De manière générale, l’Observatoire et le MLDH exhortent les autorités laotiennes à garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de tous les défenseurs des droits de l’Homme au Laos et à mettre fin à toute forme de harcèlement à leur encontre.

Tandis que le dixième anniversaire de cet événement approche, il est impératif que le gouvernement de la République Démocratique Populaire du Laos montre son engagement en faveur du dialogue avec sa propre société civile sur la question du respect des droits de l’Homme, qu’il cesse les poursuites à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et activistes de la démocratie, et qu’il relâche MM. Thongpaseuth Keuakoun, Seng-Aloun Phengphanh, Bouavanh Chanmanivong et Kèochay .

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