L’année 2012 commence avec 1 exécution toutes les 4 heures et de nouvelles condamnations à mort

11/01/2012
Communiqué
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Amir Mirzaei Hekmati, un jeune Américain d’origine iranienne, accusé “d’espionnage” pour le compte des États-Unis, a été reconnu coupable d’être moharebeh (ennemi de Dieu) par la section 15 de la Cour révolutionnaire islamique (IRC), qui l’a condamné à mort le 9 janvier 2012. Il avait été arrêté en août 2011, alors qu’il rendait visite à sa famille. Le 18 décembre 2011, les autorités ont diffusé à la télévision ses “confessions”, dans lesquelles il semblait reconnaître sa culpabilité et accepter tous les chefs d’accusation avant même le procès du 27 décembre.

Les autorités de la République islamique d’Iran ont fréquemment recours à la télévision pour diffuser les confessions de détenus, obtenues sous la contrainte ou par le biais de tromperies. Les Iraniens ayant une double nationalité ont été des cibles de choix, subissant de longues périodes d’isolement, des accusations d’espionnage et des confessions forcées depuis plusieurs années, en particulier aux moments où les autorités iraniennes ont eu besoin de monnaie d’échange dans leurs négociations avec l’Occident sur le dossier nucléaire ou d’autres questions. Certaines victimes ont eu la chance d’être libérés après avoir subi de longues épreuves, parmi lesquels deux journalistes, Maziar Bahari et Roxana Saberi. Malheureusement, d’autres n’ont pas connu la même fortune. Zahra Kazemi, reporter photographe irano-canadienne, est décédée de blessures par balle à la tête à la prison d’Evine en 2003, alors que l’ancien procureur Mortezavi de Téhéran tentait de l’obliger à s’avouer coupable d’espionnage. Mr. Mortezavi continue de jouir de l’impunité.

Par ailleurs, d’après un rapport de la “Maison des droits de l’homme d’Iran” publié le 10 janvier, la Cour suprême iranienne a confirmé la condamnation à mort d’un web designer, Ahmad-Reza Hashempour. La section 15 de l’IRC a également condamné à mort Vahid Asghari, autre web designer, le 7 janvier 2012. Un troisième web designer, Sa’eed Malekpour, avait déjà été condamné à mort pour la deuxième fois, fin octobre 2011, après l’annulation d’une première condamnation à mort par la Cour suprême. Tous trois sont en prison depuis 2008. Dans une lettre rendue publique en mars 2010, MM. Asghari et Malekpour, ainsi qu’un troisième accusé – Shahrouz Vaziri – avaient fourni des détails sur les tortures qui avaient abouti à leurs fausses confessions.

Lors de la première semaine de l’année 2012, les autorités iraniennes ont battu un nouveau record, avec une pendaison toutes les quatre heures. Elles ont exécuté 39 personnes dans différentes villes, dont trois exécutions publiques à Kermanshah, localité de l’ouest du pays. D’après Amnesty International, plus de 600 exécutions ont eu lieu en Iran durant les 11 premiers mois de l’année 2011. Cela représente une augmentation notable par rapport aux 553 exécutions enregistrées au minimum durant toute l’année 2010, et cela pourrait faire de 2011 l’année la plus noire des deux dernières décennies, depuis 1991, lorsqu’un minimum de 775 exécutions avait été relevé.

Karim Lahidji, vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et président de la Ligue iranienne pour la défense des droits de l’Homme (LDDHI), a déclaré aujourd’hui : “Outre l’exécution inhumaine et cruelle de centaines de détenus condamnés à mort en 2011, les autorités judiciaires iraniennes ont gravement violé les normes de légalité et le droit à un procès impartial, en créant de toutes pièces des chefs d’accusation qui n’existent pas dans le droit moderne. Rappelons qu’en novembre 2011, le Comité des droits de l’Homme a vivement critiqué l’emploi de “chefs d’accusation vagues tels que moharebeh” et le fait d’obliger les accusés à “témoigner contre eux-mêmes ou d’autres personnes et s’avouer coupables”, exhortant la République islamique “à envisager l’abolition de la peine de mort ou du moins à revoir le Code pénal pour restreindre l’imposition de la peine de mort aux ‘crimes les plus graves’ et “à mener toutes les procédures légales en assurant le plein respect de l’article 14 du PIDCP.”

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