Les autorités doivent mettre un terme à leur répression sur le bouddhisme tibétain

30/09/2013
Rapport
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Dans un rapport conjoint publié aujourd’hui (résumé exécutif disponible ici ; aussi disponible en chinois, tibétain, anglais et allemand) à l’occasion du second Examen Périodique Universel de la République populaire de Chine le 22 octobre, la FIDH et ICT appellent les autorités chinoises à mettre un terme, dès que possible, à leur répression continue sur le bouddhisme tibétain. Le rapport met en évidence de nombreuses violations des principes établis dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, conséquence des mesures de plus en plus systématiques prises par le gouvernement depuis 2008.

Depuis la vague de manifestations essentiellement pacifiques, qui s’est déroulée à travers le Tibet en mars et avril 2008, le signe le plus tragique de la détérioration de l’environnement pour le bouddhisme tibétain, est la série d’immolations par le feu, qui a causé à ce jour la mort de plus de 120 Tibétains, dont des étudiants, des moines, des nonnes, de jeunes mères, des agriculteurs et des pasteurs-nomades. De nombreux Tibétains s’étant immolés ont cherché à mettre en évidence la place de la religion dans leur acte. Ainsi certains sont décédés les mains jointes en prière, tandis que nombreux sont ceux qui se sont immolés à proximité d’un stupa (reliquaire), d’un monastère ou d’un couvent.

“Le mouvement de contestation politique au Tibet est resté pacifique depuis des décennies, en dépit d’une pression toujours croissante sur tous les aspects de la culture et de la société tibétaines. Cette vague sans précédent d’immolations par le feu est certainement le résultat d’un niveau de répression jamais atteint sur le bouddhisme tibétain. Les récentes mesures répressives combinent propagande d’État, des programmes de ré-éducation, des régulations administratives et diverses formes de punition” , a dit Vincent Metten, Directeur du Plaidoyer auprès de l’UE à ICT.

ICT et la FIDH rapportent les éléments suivants :

  • Un rapport direct entre les mesures légales resserrant le contrôle étatique sur le bouddhisme tibétain et les immolations par le feu.
  • Des mesures nouvelles et plus oppressives que jamais, comme par exemple un décret stipulant que les réincarnations de « Bouddhas vivants » qui n’ont pas l’approbation du gouvernement sont « illégales ou invalides ».
  • Une intensification de la campagne contre le Dalai Lama à travers le Tibet, le gouvernement chinois essayant de remplacer, dans le cœur et les esprits tibétains, la loyauté envers le dalaï-lama par une fidélité au Parti-État chinois, sapant ainsi les racines même de l’identité nationale tibétaine.
  • Une campagne d’éducation politique (’patriotique’) renforcée, concernant plus seulement les monastères mais aussi l’ensemble de la société civile.
  • Une présence renforcée de cadres du parti et de fonctionnaires dans les monastères, et une présence militaire accrue à l’occasion des festivals religieux encore autorisés.

Toutes les activités religieuses et les croyances considérées comme une menace pour l’autorité du Parti sont criminalisées et associées au « séparatisme ». Cela a déjà mené à l’arrestation et la détention de nombreux tibétains, dont des moines et des nonnes. La FIDH et ICT sont particulièrement inquiets quant à l’état de santé et la sécurité de trois moines de haut-rang du monastère de Drepung, détenus depuis avril 2008. Deux d’entre eux ont par la suite été condamnés à la perpétuité, après que des centaines de moines du monastère aient fait partie des meneurs des protestations pacifiques à Lhassa ayant commencé le 10 mars 2008.

“La République populaire de Chine doit autoriser tous les Tibétains, y compris les moines et les nonnes, à exercer leurs droits en matière de culture et de religion, sans aucune restriction ; réévaluer les politiques affectant les traditions linguistiques, religieuses et culturelles tibétaines qui créent des griefs et mènent à l’instabilité ; respecter la liberté de religion et de croyance pour tous” , a dit Karim Lahidji, président de la FIDH.

Notes des éditeurs :

1. Pour plus d’information, veuillez vous référer aux rapports de ICT (en anglais) : “The Communist Party as Living Buddha” et “Storm in the Grasslands. Self-immolations in Tibet and Chinese policy”
2. Pour plus d’information concernant la répression sur le monastère de Drepung (en anglais), voir : “Authorities acknowledge 4,000 detentions : thousands ‘disappear’ in ongoing Lhasa crackdown ; Unrest at Drepung » et « Senior monk-scholars, with no political record, sentenced to life and 15-20 years imprisonment – crackdown continues at Drepung »

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