Birmanie : Les partis politiques négligent les priorités en matière de droits humains

03/11/2015
Rapport
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AFP PHOTO / Soe Than Win

(Rangoon) Les partis politiques en lisse pour l’élection législative du 8 novembre n’ont pas réussi à s’engager en faveur des problématiques importantes des droits humains, explique un nouveau rapport, présenté aujourd’hui par la FIDH à Rangoon.

Le rapport, intitulé « A moitié vide : les partis politiques birmans et leurs engagements en matière de droits humains », est la première enquête réalisée sur le comportement des partis politiques à l’égard des questions liées aux droits humains.

« Les partis politiques birmans devront changer en profondeur leurs politiques et préjugés institutionnels, s’ils souhaitent améliorer la situation des droits humains dans le pays. Tant qu’ils ne placeront pas les droits humains au cœur de leur programme, la Birmanie restera empêtrée dans ses anciens démons, peu importe le parti qui remportera l’élection »

Karim Lahidji, président de la FIDH

Parmi les tendances négatives, l’enquête révèle que 42% des partis politiques refusent d’expliquer comment ils considèreront les discriminations subies par les musulmans Rohingya. Plus troublant encore, plusieurs partis se sont alignés sur la position officielle du gouvernement, qui nie l’existence des Rohingya en tant que groupe ethnique birman. De plus, près des trois quarts des partis ont refusé de soutenir l’amendement de la loi sur la citoyenneté de 1982, qui permettrait d’accorder la citoyenneté birmane aux Rohingya.

Peu de partis ont également apporté leur soutien à l’abrogation d’une loi récente, qui porte le nom trompeur de « loi de protection de la race et de la religion » et d’autres lois qui vont à l’encontre des standards internationaux des droits humains.

Les partis ont enfin montré un manque de volonté surprenant s’agissant du rôle joué par les militaires dans les affaires parlementaires et de la réduction de leur budget hypertrophié.

Résultat encourageant, 58% des partis ont affirmé qu’ils établiraient une commission Vérité et réconciliation pour traiter de la responsabilité des crimes passés. Les réponses aux questions sur la liberté de la presse, l’abolition de la peine de mort ou encore la ratification des instruments de défense des droits humains internationaux sont également positives.

Le rapport souligne également la récalcitrance du parlement sortant à reconnaitre les insuffisances existantes quant au soutien aux problématiques importantes des droits humains. Le parlement, dominé par le Parti de l’union, de la solidarité et du développement (USDP) et par des députés nommés par l’armée, n’a pas su amender ou abroger de nombreuses lois oppressives. Les députés ont également bloqué des amendements constitutionnels clefs et rejeté de nombreuses propositions abordant des questions importantes relatives aux droits humains. Dans de nombreux cas, les nouvelles lois adoptées comportaient des dispositions qui allaient à l’encontre des normes internationales des droits humains. D’autres lois ont, quant à elles, fait primer les intérêts politiques et économiques sur les droits humains.

« Le nouveau parlement devra se démarquer de l’ancien régime et mener de véritables réformes. La première étape serait d’abroger les lois qui perpétuent la discrimination et l’impunité. Des réformes législatives et institutionnelles conformes aux normes internationales des droits humains sont essentielles pour assurer la sécurité et un développement socio-économique durable. »

Debbie Stothard, secrétaire générale de la FIDH et coordinatrice de ALTSEAN-Burma

Les nombreuses recommandations adressées aux députés dans le rapport fournissent une feuille de route qui permet d’aborder concrètement les problématiques importantes des droits humains en Birmanie.

Télécharger le rapport A moitié vide : les partis politiques birmans et leurs engagements en matière de droits humains (en anglais)

Contacts presse :
Andrea Giorgetta (English) - Tel : +95 9795422286 (Rangoon) ; +66 886117722 (Bangkok)
Arthur Manet (French, English, Spanish) - Tel : +33 672284294 (Paris)
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