Lettre ouverte au Premier Minsitre japonais et au Ministre de la Justice sur l’abolition de la peine de mort au Japon

03/01/2012
Communiqué
en fr

Votre pays n’a pas exécuté de condamné à mort depuis le 28 juillet 2010, jour où Messieurs Ogata Hidenori et Shinozawa Kazuo avaient été pendus à la prison de Tokyo. L’année 2011 aura donc été la première année sans exécution au Japon depuis 1993.

Lettre ouverte à :
Mr. Yoshihiko Noda
Premier Ministre du Japon
Shugiin Giin Kaikan No.1 #821
2-2-1, Nagata-cho, Chiyoda-ku, Tokyo, Japon
100-0014

Mr. Hideo Hiraoka
Ministre de la Justice du Japon
Shugiin Giin Kaikan No.2 #205
2-1-2, Nagata-cho, Chiyoda-ku, Tokyo, Japon
100-0014

Paris, 3 janvier 2012

Re : Lettre ouverte sur l’abolition de la peine de mort au Japon

Cher Monsieur le Premier Ministre,
Cher Monsieur le Ministre de la justice,

La Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et la Coalition mondiale contre la peine de mort ont l’honneur de vous écrire à un moment crucial de l’histoire de la peine de mort au Japon. En effet, votre pays n’a pas exécuté de condamné à mort depuis le 28 juillet 2010, jour où Messieurs Ogata Hidenori et Shinozawa Kazuo avaient été pendus à la prison de Tokyo. L’année 2011 aura donc été la première année sans exécution au Japon depuis 1993. Nous félicitions notamment Monsieur Hiraoka pour le rôle constructif qu’il a joué en dépit des difficultés variées auxquelles l’a exposé la situation du pays.

La FIDH et la Coalition encouragent donc votre gouvernement à poursuivre ses efforts dans ce sens et invitent les autorités de votre pays à n’approuver aucune exécution à l’avenir, à prendre l’initiative de mener des études poussées dans le domaine de la peine de mort ainsi qu’à engager un débat, au sein de la société civile comme du Parlement, sur l’usage de la peine capitale dans le pays. Le Japon tirerait grand profit à mettre en place, aussi rapidement que possible, un groupe d’experts indépendants et représentatifs de toutes les forces du pays, y compris la société civile, afin d’analyser la question de la peine de mort dans le pays et d’élaborer des recommandations à l’attention du Gouvernement.

Aujourd’hui, plus des deux tiers des États de la planète ont aboli la peine de mort en droit ou en fait. Sur les 41 pays de la région Asie-Pacifique, 17 ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, 9 sont abolitionnistes en fait et un seul - Fidji - utilise la peine de mort pour les seuls crimes militaires très graves. Cela signifie que moins de la moitié des pays de la région ont recours à cette peine ultime et irréversible. Parmi les Nations du G8, seuls le Japon et les États-Unis l’utilisent, la Russie n’ayant exécuté personne depuis 1996. Même aux États-Unis, 16 États ainsi que Washington DC ont aboli la peine de mort et le gouverneur de l’Oregon a récemment déclaré que durant son mandat il n’autoriserait aucune exécution. Le 9 septembre 2011 fut le 5000ème jour sans exécution en République de Corée. Et en janvier 2010, le président de la Mongolie a annoncé un moratoire sur la peine de mort et appelé à son abolition.

Puisque le Japon est une démocratie de premier plan dans la région ainsi qu’un acteur-clé de la communauté internationale, un engagement officiel des autorités de votre pays en faveur de l’abolition de la peine de mort serait en harmonie avec la tendance internationale en ce sens et exprimerait avec force à l’ensemble du monde la nécessité de respecter et protéger le droit à la vie.

Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à ce courrier et des initiatives que vous pourrez prendre à l’avenir dans ce domaine.

Nous vous prions d’agréer nos respectueuses salutations,

Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH

Florence Bellivier, Présidente de la Coalition mondiale contre la peine de mort

Lire la suite