“Cette décision est honteuse. C’est aussi une immense déception pour le système d’administration de la justice des Etats-Unis qui a décidé de confirmer l’exécution d’une personne qui a toujours clamé son innocence et a été condamnée sans aucune preuve matérielle. Le Comité des grâces doit immédiatement revoir sa position. Le cas échéant, le District Attorney Larry Chisolm doit rechercher le retrait de l’ordre d’exécution ”, a déclaré Florence Belliver, Secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et présidente de la Coalition mondiale contre la peine de mort.
Troy Davis a été condamné à mort en 1991 pour le meurtre du policier Mark Allen Macphail, à Savannah, en Géorgie. Il a été condamné sans preuve matérielle, sur la seul base de témoignages. Depuis son procès, 7 des 9 témoins clés se sont rétractés ou ont largement modifié leur témoignage, certains alléguant de pressions de la part de la police. L’un des deux derniers témoins est le principal suspect, mis en cause par d’autres témoins. L’exécution a été repoussée in extremis trois fois.
“La FIDH s’oppose à la peine de mort pour tous les crimes et en toutes circonstances. La peine de mort est cruelle et inhumaine, le cas de Troy Davis l’illustre clairement, tout comme il illustre l’absurdité de ce système. Elle peut être appliquée par un système de justice nationale capable de commettre d’irréparables erreurs”, a ajouté Florence Bellivier.
Contrairement aux 139 Etats qui ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique, les Etats-Unis se trouvent parmi ceux qui pratiquent le plus la peine de mort, avec la Chine, la Corée du Nord et l’Iran. 3,200 personnes se trouvent aujourd’hui dans les couloirs de la mort des Etats-Unis. Actuellement, l’Etat de Géorgie compte plus de 100 personnes dans les couloirs de la mort et 3 personnes ont déjà été exécutées dans cet Etat en 2011. Les quatre dernières années, trois Etats américains - le New Jersey, le Nouveau Mexique et l’Illinois – ont aboli la peine de mort, en prenant en compte leur incapacité à exclure des erreurs et la possibilité consécutive d’exécuter des innocents.