Audience devant la CIDH : La FIDH et ses organisations membres lancent une alerte sur l’intensification de la crise humanitaire en Haïti

26/10/2010
Communiqué
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La Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres en Haïti, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le Centre Œcuménique des Droits Humains (CEDH) et le Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI) ont participé aujourd’hui à une audience devant la Commission Interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH). Les organisations ont alerté la CIDH de la grave crise humanitaire qui perdure en Haïti ainsi que de la nécessité d’une reconstruction fondée sur les droits humains incluant le peuple haïtien.

Alors que près de 10 mois se sont écoulés depuis la catastrophe du 12 janvier 2010 et qu’une épidémie de choléra s’est déclarée dans le nord du pays, causant la mort de plus de 250 personnes, le peuple vit toujours une situation d’urgence.

La situation catastrophique des camps où est réfugiée près de 15% de la population du pays a été rapportée par Kerlie Henry, coordinatrice de l’Espoir des femmes haïtienne de petit Goave. Elle a dénoncé "les conditions sanitaires déplorables, l’accès limité aux services de base et la promiscuité, à l’origine de nombreuses maladies". Les tentes fournies par l’aide humanitaire après des mois d’intempéries ne protègent plus les déplacés du soleil et de la pluie. Par ailleurs la sécurité dans les camps reste précaire alors que femmes et enfants demeurent particulièrement vulnérables aux violences et abus sexuels.

Fito Lespérance du RNDDH a insisté sur "les effets pervers des relocalisations de déplacés par le gouvernement haïtien, suite aux pressions des propriétaires qui souhaitent récupérer leurs terres, sur lesquelles les déplacés sont installés". En effet, ces relocalisations ont contribué à l’éloignement de ces communautés des centres économiques et par conséquent à leur précarisation car bien souvent elles reviennent vers le centre et s’installe dans des espaces publics tels que les rues et places publiques.

Enfin, Jimena Reyes de la FIDH a évoqué la lenteur de la reconstruction qui contribue à la grave crise humanitaire. Par exemple, 8 mois après la catastrophe, sur 20 millions de m3 de gravats à ramasser seulement 275 mille l’avait été. Le ramassage des gravats, peut-être parce qu’il ne donne pas beaucoup de visibilité ne semble pas être une priorité des donateurs. Or, c’est une première étape essentielle pour permettre aux déplacés d’accéder à un logement adéquat.

Enfin, la FIDH s’est particulièrement inquiétées que seule 30% des 5,3 milliards promis ait été fournis par les Etats donateurs. Elle a appelé les Etats à honorer leurs promesses et à s’assurer que "les politiques de reconstruction protègent et promeuvent les droits fondamentaux." Elle a recommandé que la CIDH veille à ce que droits de l’Homme et renforcement de l’Etat de droit soient systématiquement intégrés à l’ensemble des politiques, projets et stratégies élaborées par La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) qui est aujourd’hui, co-présidée par Bill Clinton et chargée du processus de reconstruction.

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