55ème Session ordinaire de la CADHP : Pour un plan d’action droits humains dans les processus de résolution et de prévention des conflits et des crises

Alors que s’ouvre aujourd’hui la 55ème Session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), à Luanda (Angola) la FIDH appelle le principal mécanisme africain de promotion et de protection des droits humains à prendre des positions fermes condamnant les situations de conflits et de crises qui persistent sur le continent et à renforcer la place des droits humains dans les processus de résolution et de prévention.

«  Si nous saluons l’implication accrue de la CADHP dans les initiatives visant à mettre un terme aux conflits qui prévalent sur le continent, la complexité et les défis qu’impliquent ces situations l’obligent à repenser son dispositif d’intervention et de coopération avec l’Union africaine, pour une meilleure réactivité, efficacité, lisibilité et cohérence de leur action. La Commission africaine doit contribuer au développement d’un plan d’action « droits humains » de l’Union africaine pour les conflits, un plan d’action qui implique une coordination renforcée et mieux structurée avec les organes compétents de l’UA  » a déclaré Alice Mogwe, Secrétaire générale adjointe de la FIDH, présente à Luanda.

Un plan d’action droits humains s’impose en République centrafricaine (RCA), un pays toujours coupé en deux, et où les populations civiles sont réduites à se regrouper dans des enclaves protégées par les forces internationales ou à s’enfuir par convois de milliers personnes pour échapper aux pires atrocités y compris aux exécutions sommaires, aux viols et autres formes de violences sexuelles, aux disparitions forcées, actes de tortures, enrôlement d’enfants soldats, pillages et extorsion, destruction de biens. Un plan d’action droits humains s’impose également au Soudan du Sud, où les populations civiles continuent d’être victimes d’exécutions extra-judiciaires, de viols et autres formes de violences sexuelles, de pillages, de destructions de biens sur fond d’appels à la haine et aux viols lancés au travers de radios.

De tels plans d’action doivent conduire au développement de véritables stratégies permettant de faire la lumière sur les circonstances de ces crimes, de lutter efficacement contre l’impunité de leurs auteurs, d’ouvrir la voie aux réformes législatives et institutionnelles nécessaires au renforcement de l’État de droit, de garantir, de façon durable, la protection des droits des femmes, des défenseurs des droits humains, des personnes réfugiées et déplacées, ou encore de responsabiliser les acteurs non étatiques et en particulier les entreprises internationales qui se rendent complices voire instigatrices de violations.

«  Le déploiement d’observateurs africains des droits humains au Mali et en RCA et la mise en place d’une Commission d’enquête de l’UA au Soudan du Sud démontrent la volonté croissante de considérer les droits humains comme un élément essentiel des initiatives de restauration de la paix et de la sécurité sur le continent. Mais ces initiatives exigent une meilleure transparence et cohérence, la mise à disposition de moyens matériels, financiers et humains adéquats permettant aux équipes déployées d’être efficaces. Ces initiatives doivent aussi permettre de développer des stratégies droits humains favorisant une paix durable par le renforcement de l’État de droit. Autant d’actions qui nécessitent un organe permanent de coordination administrative au sein de l’UA  » a déclaré Mabassa Fall, Représentant de la FIDH auprès de l’Union africaine également présent à Luanda.

Une cohérence renforcée de l’action droits humains de la CADHP dans les situations de crises doit lui permettre de jouer pleinement son rôle au Soudan, où elle doit pouvoir mener une enquête sur la répression violente des manifestations de septembre 2013 qui a occasionné la mort d’au moins 170 manifestants suite à l’usage excessif de la force par les forces de sécurité et services de renseignement soudanais. La Commission doit également être plus vocale et proactive concernant la situation dramatique que connaît aujourd’hui l’Égypte, où les manifestants subissent, là aussi, les affres des forces de sécurité, où les violences sexuelles contre les femmes, sont perpétrées à grande échelle et dans la plus complète indifférence des autorités, où les actes de torture et de mauvais traitements sont légion dans les centres de détention et où les violations du droit à un procès équitable sont récurrentes. La Commission doit par ailleurs agir préventivement dans des situations aussi volatiles qu’au Burundi où, à un an des élections générales, les tensions entre les différentes formations politiques, sur fond de défis sécuritaires toujours plus importants et de restrictions accrues des libertés fondamentales ne sont pas de nature à créer les conditions d’un processus électoral crédible et sécurisé.

La Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) est l’organe chargé de surveiller le respect des droits énoncés dans la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples. Créée en 1991, elle a son siège à Banjul. Elle comprend 11 commissaires de 11 pays africains. Sa 55ème Session ordinaire se tient à Luanda (Angola) où, en plus de statuer sur les violations des droits humains dans les situations de crise, elle examine à cette session le respect des droits humains au Liberia et au Mozambique. La FIDH est présente à Luanda avec ses organisations membres issues notamment du Liberia, du Mozambique, de Centrafrique, du Botswana, du Soudan, d’Egypte, du Burkina Faso, du Sénégal, de Tanzanie et d’Angola.

Lire la suite