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Arrestations au Tchad : le silence regrettable de Paris

Editorial du "Monde". Le pouvoir d'Idriss Déby a procédé à l'arrestation d'au moins une vingtaine de personnes, dont deux députés d'opposition et deux généraux. Deux autres élus sont recherchés.

Le Monde

Publié le 11 mai 2013 à 11h08, modifié le 11 mai 2013 à 17h58

Temps de Lecture 2 min.

Idriss Deby, le président tchadien.

Editorial du "Monde". La réponse de François Hollande a été laconique, vendredi 10 mai, sur le perron de l'Elysée. Faut-il s'inquiéter de la vague d'arrestations d'opposants et de journalistes qui s'abat sur le Tchad depuis la découverte d'un présumé complot ourdi contre le président Idriss Déby ? "Les principes que nous posons doivent être respectés, y compris au Tchad." Quels sont ces principes que le président français ne juge pas utile de citer ? Ils s'appellent liberté de la presse et respect de l'Etat de droit. Tous deux sont bafoués au Tchad. Ne fallait-il pas le rappeler ?

Quelques jours auparavant, le ministère français des affaires étrangères dosait également son langage vis-à-vis d'Idriss Déby. Le Quai d'Orsay se limitait à prendre "note avec préoccupation des dernières informations en provenance de N'Djamena" et appelait "le pouvoir et l'opposition à poursuivre un dialogue serein". Ce dialogue n'existe plus depuis longtemps. Les arrestations arbitraires, elles, se multiplient. La dernière vague remonte au 1er mai. Ce jour-là, N'Djamena a annoncé avoir déjoué "une conspiration" et arrêté ses instigateurs. Des combats auraient provoqué la mort de trois à huit personnes ainsi que blessé une quinzaine d'autres. Le conditionnel est de mise faute d'éléments fournis par la police, la justice ou le gouvernement tchadiens.

Le pouvoir d'Idriss Déby a procédé à l'arrestation d'au moins une vingtaine de personnes, dont deux députés d'opposition et deux généraux. Deux autres élus sont recherchés. Dans d'autres affaires, des critiques de l'homme fort tchadien, des journalistes, des blogueurs, des syndicalistes sont emprisonnés, poursuivis, expulsés. La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) dénonce une "vague d'arrestations, d'intimidation et de harcèlement qui visent l'opposition politique, les journalistes et la société civile".

Ainsi va le Tchad, dont le Quai d'Orsay préfère saluer "le rôle stabilisateur dans la région, en s'impliquant dans la lutte contre l'insécurité au Sahel et dans le règlement des crises, notamment en République centrafricaine". A Idriss Déby, la France reconnaissante ? La contribution tchadienne aux efforts militaires français menés au Mali, notamment dans les régions du Nord, où s'étaient réfugiés les groupes djihadistes, a été indéniablement efficace. La présidence française envisage d'inviter des soldats tchadiens à défiler sur les Champs-Elysées, le 14 juillet. Des faits d'armes de ses troupes dans le désert malien, Idriss Déby semble avoir tiré la conclusion qu'une totale impunité lui serait accordée par Paris en ce qui concerne les méthodes dont il use et abuse dans son pays.

Cette indulgence française est une erreur. Elle envoie un message d'accointances à l'ancienne en Afrique, de piétinement des principes au nom d'arrangements géopolitiques et d'échanges de bons procédés : le soutien militaire au Mali récompensé par un silence sur la répression au Tchad. La France doit dénoncer les détentions arbitraires et l'attitude d'Idriss Déby, qui apparaît de plus en plus comme un président autoritaire, s'appuyant sur un clan et un système de corruption. Le silence est un début de complicité.

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