L’acquittement des militaires de Minova : un nouvel affront pour les victimes de violences sexuelles en RDC

07/05/2014
Communiqué
RDC
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L’acquittement, le 5 mai, par la Cour militaire operationnelle du Nord Kivu à Goma de 36 des 39 membres des forces armées de RDC, accusés de viols commis à Minova est consternant, ont affirmé la FIDH et ses organisations membres et partenaires en RDC. Nos organisations regrettent également que la procédure ait été close de manière définitive.

« Le verdict rendu est celui d’une justice expéditive et baclée qui découragera davantage les victimes de crimes de violences sexuelles de porter plainte », a déclaré Karim Lahidji président de la FIDH.

En novembre 2012, de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire avaient été commises au cours d’affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC) et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans la ville de Goma. Battant en retraite vers le Sud-Kivu, les FARDC s’étaient rendus coupables de viols massifs dans la localité de Minova. Le rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) avait établi qu’au moins 135 femmes et fillettes avaient été victimes de viols.

Lors de ce procès qui avait duré cinq mois, 190 femmes avaient porté plainte.

« Le courage de ces femmes nombreuses à avoir témoigné au cours de ce procès fleuve, malgré les risques certains de sécurité, doit être salué », a déclaré Julienne Lusenge, présidente de SOFEPADI. « Mais ce courage est à la hauteur de leur déception aujourd’hui ».

« Il s’agissait d’un procès emblématique de cas de viols massifs commis par les forces armées. Toute la procédure a posé d’importantes questions, liées à l’indépendance et une bonne administration de la justice. Commencée très tardivement, elle a ensuite été d’une durée particulièrement courte », a insisté Maitre Sylvain Lumu Mbaya, Secrétaire exécutif de la Ligue des électeurs « Déjà à l’ouverture du procès nous dénoncions l’inconstitutionnalité de cette cour qui interdit toute procédure d’appel ».

« Trois accusés dont un sous officier ont été condamnés. Mais le tribunal aurait dû davantage sanctionner la responsabilité des supérieurs hiérarchiques des soldats. D’ailleurs, les plus hauts responsables de ces militaires n’ont jamais été inquiétés, toujours en poste aujourd’hui », a insisté Jean Claude Katende, président de l’ASADHO.

« Comme la FIDH et ses partenaires le rappelaient dans leur dernier rapport, il est temps de changer la donne en RDC pour que les victimes de violence sexuelles obtiennent enfin justice et réparation. La communauté internationale, qui a largement soutenu ce procès, doit aussi repenser son soutien à la justice congolaise pour qu’elle devienne crédible et efficace, pour qu’elle condamne effectivement les auteurs des crimes les plus graves et garantissent une réparation effective aux victimes. Nous continuerons d’oeuvrer en ce sens », a déclaré Dismas Kitenge, vice-président de la FIDH et président du Groupe Lotus.

Voir notamment : RDC : Les victimes de crimes sexuels obtiennent rarement justice et jamais réparation - Changer la donne pour combattre l’impunité

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