Intervention orale de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme

30/09/2002
Rapport

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les Commissaires,

L’AMDH remercie la Commission pour les efforts qu’elle n’a cessé de fournir pour trouver des solutions aux différents problèmes que rencontre la promotion des droits humains en Afrique.

Intervenant sur le point 8(d) de votre ordre du jour relatif à la situation des défenseurs des droits de l’Homme sur notre continent, l’AMDH, membre observateur auprès de la Commission africaine des droits de l’Home et des peuples, ligue membre de la FIDH et de la Coalition ouest africaine pour la protection des défenseurs exprime son inquiétude et sa préoccupation pour la situation des défenseurs des droits de l’Homme dans tous les pays africains.

Comme vous le savez d’ailleurs mieux que tous, les activistes des droits de l’Homme sont devenus de par le monde une cible très convoitée des pouvoirs publics et des groupes sociaux politiques dont les intérêts sont mis en jeu.

Pour faire face à cette situation, il y a 4 ans, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une Déclaration le 8 décembre 1998 pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme avec la nomination d’un Rapporteur spécial chargé du suivi de l’application de cette Déclaration en la personne de Mme Hina Jilani.

Monsieur le Président, qu’en est il de notre continent, déchiré par les guerres fratricides, les crises interethniques et politiques ?

Un constat répond à cette question : à ce jour, aucun pays africain n’a ratifié cette Déclaration qui pourtant complète les instruments de l’arsenal de protection de la société civile.

Monsieur le Président, les travaux de la Commission sont facilités par la mobilisation et le travail des militants et militantes des droits de l’Homme en Afrique. Pourtant, dans leurs activités les défenseurs encourent des risques quotidiens visant à décourager la société civile africaine.

Un bref aperçu du paysage des droits de l’Homme renvoi le portrait suivant : victimes de persécutions de toutes sortes, harcèlement, interdiction d’aller et venir, interdiction de réunion, arrestations arbitraires, tortures, disparitions, campagnes de dénigrement.

Monsieur le Président, aujourd’hui, de nouveaux groupes d’activistes sont visés et traqués par les pouvoirs publics : il s’agit des magistrats, des avocats et des journalistes qui ne peuvent plus exercer convenablement leur office. Il ne se passe pas un mois ou la presse indépendante en Mauritanie n’est pas censurée, les chefs de direction et de rédaction interpellés par la police.
A ce lot, s’ajoutent les étudiants et les syndicalistes.

Ce tableau montre à quel point il est urgent que des mécanismes et stratégies de protection des défenseurs soient mis en place au niveau régional africain.

Avec votre permission, Monsieur le Président, en référence à l’article 45 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, nous souhaiterions que la protection des défenseurs soit considérée prioritaire comme la protection des droits de l’Homme, car la protection des droits de l’Homme commence par celle des activistes.

Ainsi, pour finir, l’AMDH recommande à la Commission d’emboîter le pas à l’Assemblée générale des Nations unies et de tout mettre en œuvre afin que :
 La Déclaration des Nations unies du 8 décembre 1998 sur la protection des défenseurs soit ratifiée par les Etats africains
 Soit créé un poste de Rapporteur spécial pour la protection des défenseurs au niveau africain qui travaillera en collaboration avec Mme Hina Jilani
 Le Protocole de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples portant création de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples soit ratifié par les Etats africains

Enfin, Monsieur le Président, l’AMDH souligne que la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples constitue un grand espoir pour les militants que nous sommes, pour qu’enfin la promotion et l’avènement des droits de l’Homme soit une réalité sur notre continent.

Merci

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