un appel pour la paix

31/01/2003
Communiqué

Après les décisions prises par la conférence ivoirienne de réconciliation qui s’est tenue du 15 au 23 janvier à Marcoussis, en France, après la répartition des portefeuilles au sein du futur gouvernement qui devra être formé par le nouveau premier ministre Seydou Diarra, et après les saccages qui ont eu lieu les 25 et 26 janvier à Abidjan et les graves incidents intervenus à Agboville, la FIDH tient à réaffirmer que la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ne pourra se faire qu’en respectant un certain nombre de principes.

La Fidh se félicite que les protagonistes du conflit ivoirien aient pu parvenir à un accord qui fait prévaloir la logique de paix sur celle de la guerre, et qui spécifie en son point 3 :

" La Table ronde réaffirme la nécessité de préserver l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire, le respect de ses institutions et de restaurer l’autorité de l’Etat. Elle rappelle son attachement au principe de l’accession au pouvoir et de son exercice de façon démocratique. Elle convient à cet effet des dispositions suivantes :

a- un gouvernement de réconciliation nationale sera mis en place après la clôture de la Conférence de Paris pour assurer le retour à la paix et à la stabilité. Il sera chargé du renforcement de l’indépendance de la justice, de la restauration de l’administration et des services publics, et du redressement du pays. Il appliquera le programme de la Table Ronde qui figure en annexe et qui comporte notamment des dispositions dans les domaines constitutionnel, législatif et réglementaire.

b- Il préparera les échéances électorales aux fins d’avoir des élections crédibles et transparentes et en fixera les dates .

c- Le gouvernement de réconciliation nationale sera dirigé par un Premier ministre de consensus qui restera en place jusqu’à la prochaine élection présidentielle à laquelle il ne pourra se présenter.
Ce gouvernement sera composé de représentants désignés par chacune des délégations ivoiriennes ayant participé à la Table Ronde. L’attribution des ministères sera faite de manière équilibrée entre les parties pendant toute la durée du gouvernement. (.) "

Au vu de ce texte et prenant en considération la nécessité absolue de privilégier, dans la solution du conflit ivoirien, la recherche de compromis acceptables par toutes les parties, la Fidh s’inquiète du caractère déséquilibré de la répartition des portefeuilles ministériels décidée après la clôture de la conférence de Marcoussis. Privilégiant à l’évidence l’une des parties en lui attribuant l’essentiel des ministères de souveraineté, cette distribution ne peut raisonnablement favoriser le consensus. La FIDH appelle donc toutes les parties à négocier la composition d’un gouvernement selon les principes énoncés par l’accord de Marcoussis.
S’appuyant sur l’annexe V-1 de l’accord de Linas Marcoussis : " La Table ronde condamne les incitations à la haine et à la xénophobie qui ont été propagées par certains médias ", la FIDH demande instamment à l’ensemble des acteurs des médias ivoiriens et étrangers de prendre toutes mesures visant à éviter la propagation de rumeurs ou d’informations incomplètes dont l’interprétation par les populations peut être lourde de conséquences y compris en vies humaines.

La FIDH, enfin, condamne fermement les exactions commises à Abidjan à l’encontre des personnes et des biens et déplore que les représentants de l’Etat ivoirien ne les aient pas eux-mêmes condamnées publiquement. Elle déplore les violences intervenues à Agboville qui ont entraîné la mort de plusieurs personnes.
La FIDH rappelle qu’une des racines du conflit ivoirien se trouve dans l’impunité dont ont joui jusqu’à présent tous les auteurs des violations des droits humains et s’inquiète du silence des autorités qui vaut complicité en la matière. Elle appelle tous les protagonistes de la crise ivoirienne à s’engager clairement sur leur volonté de respecter tous les droits humains, gravement violés dans le pays depuis le 24 décembre 1999.

La FIDH les appelle en particulier à tout mettre en œuvre pour que la commission internationale d’enquête dont elles sont convenues dans l’accord de Marcoussis, puisse se rendre d’urgence en Côte d’Ivoire.
Une telle commission d’enquête a vocation à répondre au droit fondamental des victimes à la vérité et ultérieurement à la justice. En outre, la présence sur le terrain d’enquêteurs internationaux, ne peut que contribuer à prévenir la perpétration de nouvelles exactions, en signifiant à leurs auteurs que leurs actes sont recensés par la communauté internationale.
Une telle commission internationale d’enquête constitue ainsi un autre moyen, essentiel selon la FIDH de contribuer à l’instauration d’une paix immédiate et durable.

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