Charles Blé Goudé à la CPI : Faire reculer l’impunité en Côte d’Ivoire

La FIDH, la LIDHO et le MIDH saluent la décision du Gouvernement ivoirien de transférer Charles Blé Goudé au siège de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. M. Blé Goudé a été ministre de la jeunesse et était l’un des chefs des milices Jeunes patriotes durant la crise post électorale de 2010-2011 ; il est aujourd’hui poursuivi par la justice internationale pour quatre chefs d’accusation constitutifs de crimes contre l’humanité.

«  Les victimes et les familles de victimes des jeunes patriotes de Blé Goudé souhaitent voir dans ce transfèrement un signal fort des autorités ivoiriennes et de la CPI en faveur de leur droit à la vérité, à la justice et à réparation  » a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.

Le 30 septembre 2013, la CPI avait levé les scellés du mandat d’arrêt confidentiel émis à l’encontre de Charles Blé Goudé, ministre de la jeunesse et communément appelé le « Ministre de la rue » sous le gouvernement de Laurent Gbagbo,lequel est toujours détenu à La Haye.

Charles Blé Goudé est poursuivi par la CPI pour son rôle présumé en tant que coauteur indirect de quatre chefs d’accusation : meurtres, viols et autres formes de violences sexuelles, actes de persécution, et autres actes inhumains, constitutifs de crimes contre l’humanité, commis dans le cadre de la crise post électorale à partir du 28 novembre 2010.

Blé Goudé était détenu depuis le mois de janvier 2013 à Abidjan, où il est poursuivi par la justice ivoirienne pour « crimes de guerre, meurtre, enlèvement et crimes économiques » commis lors de la crise et dans le cadre de procédures judiciaires dans lesquelles la FIDH, la LIDHO et le MIDH sont parties civiles aux côtés de plusieurs dizaines de victimes.

«  En transférant Blé Goudé, la Côte d’Ivoire démontre qu’elle coopère à nouveau avec la CPI même si la justice ivoirienne avait légitimement engagé des poursuites contre lui  » a déclaré Me Drissa Traoré, vice président de la FIDH. «  La Côte d’Ivoire peut toujours demander à juger elle-même Blé Goudé en le poursuivant pour les mêmes chefs d’accusations extrêmement graves visées par la CPI et en lui offrant les mêmes garanties d’un procès équitable  » a-t-il ajouté.
Parties civiles dans les procédures judiciaires qui concernent la crise post électorale, aux côtés de plus de 75 victimes en Côté d’Ivoire, la FIDH, la LIDHO et le MIDH ont régulièrement appelé la CPI, tout comme les autorités nationales, à poursuivre tous les auteurs des crimes perpétrés pendant la crise et quelque soit leur camp.

«  Pour que justice soit rendue il est fondamental que la justice internationale et nationale, continuent de poursuivre les auteurs et responsables des graves crimes de la crise post électorale perpétrés par des pro-Gbagbo mais également par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et leurs supplétifs, alors que parmi ces derniers, un seul est aujourd’hui inculpé, et uniquement par la justice ivoirienne  », a affirmé Me Patrick Baudouin, coordinateur du Groupe d’action judiciaire de la FIDH et avocat des victimes. «  Le cas Blé Goudé va mettre à l’épreuve des faits la nécessaire articulation et coopération entre la Côte d’Ivoire et la CPI, lesquelles vont devoir être à la hauteur des attentes de justice des victimes et de nos ONG qui les accompagnent  » a-t-il ajouté.

«  Nous espérons que la justice nationale, en particulier la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction (CSEI) qui a été renouvelée en janvier, jouera pleinement son rôle et va avancer dans les procédures ouvertes devant elle. La majorité des victimes ne trouvera son compte que lorsque l’ensemble des présumés auteurs des graves violations des droits humains répondront de leurs actes  » a renchérit Me Yacouba Doumbia, président du MIDH et avocat des victimes.

Pour Pierre Adjoumani Kouame, président de la LIDHO, «  l’impératif d’une justice impartiale, tant dans les poursuites au niveau international et national que dans le jugement effectif des présumés responsables des crimes de la crise est une condition essentielle en vue d’un réel processus de réconciliation en Côte d’Ivoire  ».

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