Honduras : les expert·es demandent la fin des retards dans les procédures judiciaires qui ont paralysé la justice pour Berta Cáceres, huit ans après son assassinat

27/02/2024
Déclaration
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Héctor Emilio Gonzalez / Unsplash

Le 2 mars 2016, Berta Cacéres a été assassinée en représailles de son combat remarquable contre l’entreprise hydroélectrique Desarollos Energéticos S. A. (DESA) sur la rivière sacrée Gualcarque. Huit ans après, le 2 mars 2024, sa famille et le Consejo Civico de Organizaciones Populares y Indigenas de Honduras (Copinh) continuent de demander justice. Les organisations qui composent la Mission d’observation qualifiée, parmi lesquelles la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits humains, expriment leur solidarité.

Le 1er mars 2024. À l’occasion du huitième anniversaire de la mort de Berta Cáceres, les membres de la Mission technique d’observation expriment leur plus profonde solidarité avec sa famille, le peuple lenca organisé au sein du Consejo Civico de Organizaciones Populares y Indigenas de Honduras (COPINH), et ses camarades qui ont travaillé à ses côtés dans sa lutte internationalement reconnue pour les droits des peuples autochtones et de leurs territoires ancestraux. Nous nous associons à leur demande de rendre la justice de façon équitable dans l’ignoble assassinat de la défenseure, qui a eu lieu le 2 mars 2016 en représailles à son rôle de cheffe de file admirable et inébranlable dans l’arrêt du projet hydroélectrique de Desarrollos Energeticos S.A. (DESA) sur le fleuve sacré Gualcarque.

La Mission d’observation a été créée en 2018 par des organisations nationales et internationales de défense des droits humains afin d’assurer un accompagnement technique continu de la procédure pénale dans l’affaire Berta Cáceres. Nous avons observé les deux procès dans leur intégralité, celui des auteurs directs en 2018 et celui du coauteur en 2021.

À plusieurs reprises, nous avons mis en garde concernant les irrégularités judiciaires qui touchent les victimes. Aujourd’hui, nous dénonçons le fait que la Chambre pénale de la Cour suprême de justice n’a toujours pas prononcé les sentences relatives aux appels interjetés après les condamnations, qui remontent à plus de 5 ans et 2 ans. Il est inacceptable que la plus haute juridiction hondurienne refuse de rendre des jugements définitifs, ce manquement constitue une violation flagrante du droit à une procédure judiciaire sans retard injustifié et une violation claire de la garantie de non-répétition.

Le Ministère public a annoncé que des poursuites étaient en cours contre l’un des auteurs moraux du meurtre répréhensible de Berta Cáceres. Cependant nous déplorons, avec une vive inquiétude, l’absence d’avancée, ce qui indique que l’État hondurien a manqué à son devoir de diligence dans cette affaire emblématique. De plus, le procès contre David Castillo en 2021 a fait la lumière sur des informations pertinentes, et la mission a insisté sur la nécessité de mener d’urgence des enquêtes supplémentaires sur les crimes commis dans le même contexte que l’assassinat de Berta Cáceres, et de punir les responsables.

Les organisations membres de la Mission d’observation demandent instamment à l’État hondurien de rendre justice à Berta, non seulement en prononçant des condamnations finales de tous les responsables de son assassinat, mais aussi en veillant à ce que les responsables des nombreux crimes connexes qui ont été commis à son encontre et à l’encontre du peuple lenca de Rio Blanco soient traduits en justice.

L’assassinat de Berta Cáceres a suscité l’indignation et une immense tristesse dans le monde entier. Sa clarté, sa vision, son héritage humaniste et son leadership continuent d’accompagner les luttes pour la justice dans le monde entier. Dans ce contexte, nous soutenons résolument la demande de sa famille et du COPINH pour que justice soit faite.

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