Les candidats à l’adhésion à l’OCDE doivent améliorer leur bilan en matière de droits humains

MATEUS BONOMI / AGIF / AGIF VIA AFP

L’OCDE devrait s’assurer que les candidats à l’adhésion améliorent leur bilan en matière de droits humains et de protection de l’environnement avant de leur accorder l’adhésion.

Cette semaine, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a annoncé qu’elle allait ouvrir des discussions d’adhésion avec six pays : Argentine, Brésil, Bulgarie, Croatie, Pérou et Roumanie. OECD Watch, un réseau mondial de plus de 130 organisations de la société civile et partie prenante clé à l’OCDE, met en garde l’OCDE de ne pas accorder l’adhésion à ces pays avant qu’ils n’aient aligné leurs lois, politiques et pratiques en matière d’environnement et de droits humains sur les normes et valeurs de l’OCDE.

Parmi les six pays candidats à l’adhésion, le Brésil est de loin le plus grand acteur, un poids lourd géopolitique. Au cours des deux dernières années, OECD Watch et ses membres, Conectas Direitos Humanos, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), y compris ses organisations membres brésiliennes Movimento Nacional de Direitos Humanos et Justiça Global, et SOMO, ont rassemblé de nombreuses preuves de divers problèmes au Brésil. Il s’agit notamment du changement climatique et de la déforestation, de la dégradation de l’environnement et de la pollution, de l’incapacité à protéger les droits des peuples indigènes et à garantir la liberté et la sécurité des défenseur.es de l’environnement et des droits humains, ainsi que de l’incapacité à protéger les droits des travailleur.euses et la santé publique.

Les organisations ont mis en évidence de graves lacunes en matière de gouvernance - qu’il s’agisse de l’absence de lois et de politiques ou de leur caractère préjudiciable, de l’absence de mise en œuvre ou de la répression de l’engagement public - qui montrent que le Brésil n’est actuellement pas aligné sur les normes de l’OCDE.

"Le bilan médiocre de l’administration brésilienne actuelle face à certaines des crises les plus urgentes du monde - du changement climatique aux pandémies mondiales - a montré son manque d’engagement à protéger l’environnement, les droits humains et l’État de droit. Au Brésil, les populations les plus touchées sont les plus vulnérables : les peuples indigènes, les communautés rurales, les communautés afro-descendantes telles que les communautés quilombos, les défenseur.es des droits humains, les travailleur.euses pauvres et migrant.es, les femmes et les enfants. Nous pensons que le gouvernement a souvent fait preuve de complaisance, voire de complicité, en laissant la gouvernance sociale et environnementale se détériorer au Brésil."

Julia Mello Neiva de Conectas.

La recherche, qui sera lancée en mars 2022, présente des études de cas documentant le bilan humain et planétaire de ces lacunes de gouvernance. Elle préconise également des réformes pratiques que l’OCDE devrait exiger du Brésil dans le cadre de son processus d’adhésion, avant de l’autoriser à devenir membre.

“L’OCDE ne peut pas traiter l’adhésion du Brésil comme elle l’a fait dans le passé, en se concentrant trop étroitement sur la suppression des obstacles aux échanges et aux investissements étrangers. Pour les six pays, nous exhortons l’OCDE à utiliser le puissant processus d’adhésion pour exiger des réformes significatives dans les pays candidats afin de protéger les populations et l’environnement - et à refuser l’adhésion si les candidats, y compris le Brésil, ne respectent pas les valeurs déclarées de l’OCDE."

Marian Ingrams, coordinatrice d'OECD Watch.

Depuis plus de dix ans, le Brésil tente de s’aligner sur les instruments de l’OCDE. Une adhésion pleine et entière lui apporterait d’énormes avantages économiques et politiques, notamment une meilleure position parmi les donateurs et un accès accru au commerce et aux investissements directs étrangers. Ces avantages ne devraient pas être accordés si le Brésil n’améliore pas son bilan en matière d’environnement et de droits humains.

Dans son annonce à l’ouverture des pourparlers d’adhésion, l’OCDE a expliqué que « des feuilles de route individuelles seront maintenant préparées à condition que ces [six] pays confirment leur adhésion aux valeurs, à la vision et aux priorités reflétées dans la déclaration de vision du 60e anniversaire de l’OCDE et dans la déclaration du Conseil des ministres adoptée l’année dernière ».

“Alors que nous entrons résolument dans la prochaine décennie - la dernière qui nous reste pour changer significativement le cours du changement climatique - il est vital que l’OCDE aborde différemment l’adhésion du Brésil. Nous exhortons les gouvernements membres de l’OCDE à prendre au sérieux le processus d’adhésion du Brésil - et les propres valeurs de l’OCDE - et à n’accorder l’adhésion que si le Brésil la mérite."

Maddalena Neglia, directrice du bureau mondialisation et droits humains de la FIDH.

À propos d’OECD Watch

OECD Watch est un réseau mondial qui compte plus de 130 organisations membres dans plus de 50 pays. Fondé en 2003, l’objectif principal d’OECD Watch est d’aider à soutenir les activités des OSC liées aux Principes directeurs de l’OCDE et aux travaux du Comité de l’investissement de l’OCDE. Les membres sont des organisations de la société civile très diverses - des organisations de défense des droits humains aux organisations de défense de l’environnement et du développement, des groupes de base aux grandes ONG internationales - liées par leur engagement à faire en sorte que l’activité des entreprises contribue au développement durable et à l’éradication de la pauvreté, et que les entreprises soient tenues responsables de leurs impacts négatifs dans le monde entier. Pour plus d’informations, veuillez consulter le site www.oecdwatch.org.

À propos de Conectas

Conectas existe pour préserver, mettre en œuvre et étendre les droits humains. Plus qu’une organisation non-gouvernementale, nous faisons partie d’un mouvement vivant et global qui poursuit la lutte pour l’égalité des droits. Connecté.ées via un large réseau de partenaires, répartis au Brésil et dans le monde entier, nous sommes toujours disponibles, et nous participons à divers débats décisionnels qui font avancer la voie des droits humains dans la perspective du Sud. Nous nous efforçons de garantir et d’étendre les droits de tous.tes en particulier ceux des plus vulnérables. Nous proposons des solutions, évitons les reculs et dénonçons les violations pour créer des transformations.

À propos de la FIDH

La FIDH (Fédération internationale pour les droits humains) est une ONG internationale de défense des droits humains qui fédère 192 organisations de 117 pays. Depuis 1922, la FIDH défend l’ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels tels qu’énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. La FIDH agit aux niveaux national, régional et international en soutien à ses organisations membres et partenaires pour lutter contre les violations des droits humains, notamment en garantissant la responsabilité des entreprises et en améliorant l’accès des victimes à la justice par la documentation, le plaidoyer et le contentieux.

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