"Guinée : une démocratie virtuelle, un avenir incertain"

09/04/2004
Rapport

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) publie ce jour un rapport de mission d’enquête sur la situation des droits de l’Homme en Guinée-Conakry, intitulé « Une démocratie virtuelle, un avenir incertain ».

Depuis plusieurs années, la Guinée vit en état de démocratie virtuelle. Bien que la Loi fondamentale du pays garantisse à ses citoyens l’ensemble des libertés fondamentales, le régime du président Lansana Conté, porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1984, a transformé la vie politique et sociale guinéenne en une caricature de démocratie, dans laquelle sont violés les droits et libertés inscrits dans la Loi fondamentale.

Depuis la tentative de coup d’Etat de 1996, la dégradation du climat politique que connaissait déjà le pays s’est accélérée, notamment avec le référendum constitutionnel de 2001 qui a donné au général Conté la possibilité effective d’être président à vie. L’élection présidentielle très controversée du 21 décembre 2003 est venue mettre un point d’orgue à cette dégradation, d’autant qu’elle s’est effectuée dans un climat délétère provoqué par la maladie du chef de l’Etat.

En 2004, le climat politique se caractérise par un attentisme généralisé alimenté par les spéculations sur l’espérance de vie du chef de l’Etat. Les violations des droits de l’Homme sont récurrentes : répression des partis d’opposition, des syndicalistes et des étudiants, atteintes à la liberté d’expression, culture de l’impunité, discriminations à l’égard des femmes, violations des droits économiques, sociaux et culturels ou encore atteintes graves du droit à un procès équitable.

La FIDH demande aux autorités guinéennes de :

 Garantir l’intégrité physique et psychologique de l’ensemble des citoyens et garantir leur sécurité ;

 Respecter les libertés d’opinion, d’association et de manifestation ;

 Mettre en place, de manière systématique des Commissions indépendantes transparentes, à composition pluraliste, chargées de surveiller l’ensemble des processus électoraux, et garantir la présence d’observateurs, ayant pour mandat de garantir la crédibilité et la transparence des élections ;

 Garantir le droit à la santé à tous les citoyens guinéens, tel que défini à l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à l’article 16 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;

 Prendre des mesures globales pour combattre la pandémie de VIH/Sida ;

 Respecter le droit à un logement suffisant ;

 Libérer immédiatement toute personne arbitrairement arrêtée ou détenue, conformément à l’article 9(5) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et permettre aux victimes de tels actes d’obtenir réparation ;

 Se conformer à l’article 14(3)(c) du PIDCP qui prévoit que « toute personne arrêtée ou détenue du fait d’une infraction pénale sera traduite dans le plus court délai devant un juge » ;

 Abolir la peine de mort, et, en tout état de cause, adopter dans les plus brefs délais un moratoire sur les exécutions ;

 Procéder aux réformes nécessaires pour améliorer les conditions de vie dans les prisons ;

 Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998

 Se conformer, plus généralement, aux instruments internationaux liant la Guinée.

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