La chasse aux sorcières continue !

15/06/2001
Rapport

Aujourd’hui, la chasse aux sorcières à l’encontre des partisans de l’ancien Président Kolingba continue. La tentative de coup d’Etat du 27 mai dernier, qui a donné lieu à des affrontements entre les putschistes d’une part, et l’Unité Spéciale de Protection du Président de la République (USP) et les Forces Armées centrafricaines (FACA) d’autre part, a fait de nombreuses victimes. Les partisans des rebelles congolais Jean-Pierre Bemba ont en outre prêté main forte à l’actuel Président de la République, Ange-Félix Patassé, et lui ont permis de reconquérir les principaux points stratégiques de Bangui. La FIDH, extrêmement inquiète de la participation d’éléments extérieurs aux combats, appelle les autorités centrafricaines à tout mettre en œuvre afin que le conflit congolais ne s’exporte pas vers l’Afrique centrale.

La FIDH condamne la tentative de conquête du pouvoir par la force de Monsieur Kolingba. Elle est également vivement préoccupée par les violations massives et répétées des droits humains commises en retour par les forces gouvernementales ou leurs alliés, en particulier à l’égard de l’ethnie minoritaire yakoma. Les bombardements de quartiers à l’arme lourde ont fait de nombreuses victimes civiles. Les déplacements de population et les exécutions sommaires, mais aussi les tortures, les traitements cruels, inhumains et dégradants, les arrestations arbitraires et les enlèvements sont autant de violations massives des droits de l’Homme commises en République centrafricaine au quotidien. Plus de 50.000 personnes semblent avoir fui les combats et trouvé refuge en brousse.

La FIDH condamne les exécutions sommaires et les "dérapages", les pillages, la destruction massive des biens qui malgré les appels au calme des institutions et des organisations non gouvernementales se poursuivent encore aujourd’hui. Elle s’inquiète du nombre de victimes chaque jour plus important, persécutées le plus souvent du simple fait de leur appartenance ethnique.
La FIDH exhorte les pouvoirs publics à faire respecter les règles de protection internationale des droits de l’Homme et le droit humanitaire. Par ailleurs, les auteurs de la tentative de coup d’Etat, ainsi que les responsables des violations graves des droits de l’homme doivent être recherchés et arrêtés par les autorités judiciaires compétentes afin d’être traduits en justice dans le respect des garanties à un procès équitable.
Afin que la tentative de coup d’Etat ne serve de prétexte à la marginalisation et à l’exclusion d’une ethnie, la FIDH demande à tous les acteurs politiques d’œuvrer pour rétablir le processus de démocratisation de l’Etat centrafricain dans le respect des droits de l’Homme et des libertés individuelles et collectives.

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