La FIDH condamne le double veto de la Russie et de la Chine pour empêcher l’adoption par le Conseil de Sécurité d’une résolution sur la Birmanie

15/01/2007
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime sa profonde déception concernant la décision de la Russie et de la Chine d’exercer leur droit de veto pour rejeter un projet de résolution sur la Birmanie présentée par les Etats-Unis le 12 janvier 2007.

C’est la première fois qu’un projet de résolution sur ce pays avait été présenté par le Conseil de sécurité. Il avait pour objectif d’encourager la réconciliation nationale et la démocratisation de la Birmanie, d’appeler à la libération des prisonniers politiques et de mettre fin aux graves violations des droits de l’Homme perpétrées par la junte militaire au pouvoir. L’Afrique du Sud, un nouveau membre du Conseil de Sécurité, a également voté contre la résolution, tandis que le Qatar, l’Indonésie et le Congo-Brazzaville se sont abstenus.

« En exerçant leur droit de veto, la Russie et la Chine donnent un blanc-seing à la junte birmane, permettant ainsi la poursuite de graves violations des droits de l’Homme, qui affectent l’ensemble du peuple birman et la région d’Asie du Sud-est, en toute impunité. Nous déplorons également l’attitude de l’Afrique du Sud, cette jeune démocratie qui a, en son temps, bénéficié de la mobilisation des Nations unies contre le régime d’Apartheid, et qui, en l’espèce, est restée sourde à l’appel de Desmond Tutu. Leur décision est un affront fait à tous les défenseurs des droits de l’Homme », a déclaré Sidiki Kaba, président de la FIDH.

Malgré le renversement, en 1990, d’un gouvernement démocratiquement élu et la détention de milliers de prisonniers politiques, y compris du Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi ; malgré l’intensification en 2006 des violations des droits de l’Homme et humanitaires, commises à l’encontre des minorités ethniques du pays - parmi lesquelles, meurtres, actes de torture, destructions de villages, viols utilisés comme arme de guerre et travail forcé ; malgré le fait que la junte militaire birmane force plus d’enfants à devenir soldats qu’aucun autre pays au monde ; malgré un flux de réfugiés en direction des pays voisins de plus d ’un million de personnes ; malgré des études académiques publiées en 2006 sur les conséquences de la crise sanitaire birmane pour la région du Sud-est asiatique, dont le régime au pouvoir est directement responsable ; malgré les appels répétés en faveur d’une action du Conseil de sécurité sur la Birmanie par treize Prix Nobel de la Paix, les principales organisations de défense des droits de l’Homme, des personnalités et des parlementaires du monde entier ; malgré tout cela, les ambassadeurs chinois et russes ont tout deux affirmé que la Birmanie n’était pas une menace à la sécurité internationale et que par conséquent ils ne voteraient pas en faveur de cette résolution.

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