Appel de la FIDH et de son affiliée la Ligue pour la défense des droits de l’Homme en Iran (LDDHI)

22/06/2006
Communiqué

Lettre ouverte à l’attention de :

Monsieur Luis Alfonso De Alba, Président du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies
Monsieur Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies
Madame Louise Arbour, Haut Commissaire aux droits de l’Homme des Nations Unies

Paris, Genève, le 21 juin 2006
Madame la Haut Commissaire,
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son affiliée la Ligue pour la défense des droits de l’Homme en Iran (LDDHI) tiennent à vous exprimer par la présente leur profonde indignation autant que leur vive préoccupation alors que se trouve confirmée la présence officielle, au sein de la délégation de la République islamique d’Iran à la première session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, de M. Saïd Mortazavi, Procureur de Téhéran.

Nos organisations ont établi et dénoncé la responsabilité majeure de M. Mortazavi dans la perpétration de violations graves des droits de l’Homme, responsabilité confirmée par les mécanismes compétents des Nations Unies. M. Mortazavi est particulièrement impliqué dans l’affaire de l’assassinat sous la torture de Mme Zahra Kazemi, et dans la répression systématique à l’égard des défenseurs des droits de l’Homme, des journalistes et des opposants politiques.

Sa participation à la première session du Conseil des droits de l’Homme constitue un acte profondément insultant à l’égard des victimes de la répression politique dont M. Mortazavi est l’artisan et le maître d’œuvre. Il démontre aussi un irrespect et un mépris flagrants de la République islamique d’Iran à l’égard du nouveau Conseil et de ses Etats membres ; mais aussi à votre encontre, en particulier au regard des appels à la responsabilité et à l’engagement que vous avez lancés aux Etats lors de la séance d’ouverture du nouveau Conseil.
La FIDH s’est considérablement investie à vos côtés ces derniers mois afin de contribuer à construire la crédibilité, et surtout l’effectivité espérée du nouveau Conseil des droits de l’Homme en tant qu’organe principal de l’ONU chargé de la protection des droits de l’Homme et des victimes de leur violation. Nous voyons dans la participation de M. Mortazavi à cette première session une véritable provocation qui ne peut demeurer sans réponse de votre part.

C’est pourquoi nous vous demandons d’user de toutes vos prérogatives respectives afin que la République islamique d’Iran remédie à cette présence dans sa délégation.
Nous n’ignorons pas les difficultés d’une pareille intervention de votre part au regard de la souveraineté dont se prévaudra la République islamique d’Iran s’agissant de la composition de sa délégation au Conseil.

Mais nous considérons que cette présence constitue aujourd’hui un risque majeur pour la crédibilité du Conseil tout entier, et pour vos propres mandats et prérogatives faute de vous en prévaloir dans une circonstance aussi grave.

Vos interventions conjuguées et soutenues par l’ensemble des Etats effectivement engagés en faveur d’un Conseil des droits de l’Homme crédible et efficace, pourraient aussi contribuer à l’émergence de critères de respectabilité dans la désignation par les Etats de leurs représentants au Conseil, qui font aujourd’hui manifestement défaut.

Veuillez agréer, Madame la Haut Commissaire, Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, l’expression de notre haute considération.

Sidiki Kaba,
Président de la FIDH

Karim Lahidji,
Vice-président de la FIDH,
Président de la LDDHI

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