Cette grave décision qui cible la plus ancienne ligue des droits de l’Homme du monde arabe et du continent africain vise en réalité à asphyxier la principale organisation de défense des droits humains en Tunisie.
Prise dans le cadre apparent de l’Etat de droit, cette décision illustre l’instrumentalisation de la Justice dont même les magistrats sont les victimes. En effet, l’Association des magistrats tunisiens (AMT) s’est vue interdire l’accès à ses propres locaux pour avoir revendiqué publiquement un statut garantissant l’indépendance de la Justice.
Cette semaine noire s’inscrit dans un contexte de recrudescence des atteintes aux libertés : encerclement policier des locaux associatifs, agressions verbales et physiques, campagne de diffamation, harcèlement des défenseurs des droits de l’Homme.
Cette politique déliberée augure mal d’un Sommet réussi. Il est même inconcevable que le Sommet se tienne à Tunis avec un bilan aussi déplorable en matière de liberté et avec une ligue, pilier de la société civile tunisienne indépendante, paralysée.
Nous appelons le gouvernement tunisien à respecter ses engagements relatifs aux libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et d’association, garanties par les instruments internationaux ratifiés par la Tunisie, à nouveau formulés lors de la première phase du Sommet en décembre 2003.
Par ailleurs, nous appelons les gouvernements qui se réuniront à Tunis en novembre 2005 pour la deuxième phase du Sommet à reconnaître la gravité de cette situation et à agir pour que le gouvernement tunisien respecte enfin ses engagements internationaux.
Les signataires :
– Association internationale pour le soutien aux prisonniers politiques (AISPP)
– Ligue pour les écrivains indépendants (LEL)
– Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT)
– Observatoire pour la liberté de la presse, la publication et la créativité
– Raid-ATTAC Tunisie
– Association tunienne de lutte contre la torture (ALTT)
– Centre Tunisien pour l’Indépendance de la JusticeCIJT)
– Comité pour le respect des Libertés et des droits del’Homme en Tunisie (CRLDHT)
– Syndicat des Journalistes tunisiens (SJT)
– Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH)
– Article 19
– Association des Journalistes Transfrontaliers (AJT)
– Association for Progressive Communications (APC)
– Canadian Journalists for Free Expression (CJFE)
– Communication Rights in the Information Society (CRIS)
– Comunica-ch (Swiss coalition for WSIS)
– Deutscher Journalisten-Verband
– Organisation Egyptienne des droits de l’Homme
– Euromed Network
– Index on Censorship
– Fédération internationale des ligues des droits de l’HommeFIDH)
– Fédération internationale des Journalistes (IFJ)
– International Federation of Library Associations and -Institutions/Free Access to Information and Freedom of Expression (IFLA/FAIFE)
– International PEN
– International PEN - Writers in Prison Committee (WiPC)
– International Publishers’ Association (IPA)
– Journalistes en Danger (JED)
– Ligue française des Droits de l’Homme et du Citoyen (LDH)
– Media Institute of Southern Africa (MISA)
– PEN Norway
– Rights and Democracy
– World Association of Community Radio Broadcasters (AMARC)
– World Association of Newspapers (WAN)
– Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)
– World Press Freedom Committee