Les ONGs protestent contre la détérioration des droits de l’Homme en Tunisie, à deux mois du SMSI

14/09/2005
Communiqué

Les ONG internationales et tunisiennes s’indignent de la dégradation rapide du climat général des libertés en Tunisie à deux mois du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI, 15-18 novembre 2005). Après l’interdiction du congrès constitutif du Syndicat des journalistes tunisiens (SJT) le 7 septembre, les autorités ont décidé d’interdire le 6ème congrès de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) qui devait avoir lieu aujourd’hui.

Cette grave décision qui cible la plus ancienne ligue des droits de l’Homme du monde arabe et du continent africain vise en réalité à asphyxier la principale organisation de défense des droits humains en Tunisie.

Prise dans le cadre apparent de l’Etat de droit, cette décision illustre l’instrumentalisation de la Justice dont même les magistrats sont les victimes. En effet, l’Association des magistrats tunisiens (AMT) s’est vue interdire l’accès à ses propres locaux pour avoir revendiqué publiquement un statut garantissant l’indépendance de la Justice.

Cette semaine noire s’inscrit dans un contexte de recrudescence des atteintes aux libertés : encerclement policier des locaux associatifs, agressions verbales et physiques, campagne de diffamation, harcèlement des défenseurs des droits de l’Homme.

Cette politique déliberée augure mal d’un Sommet réussi. Il est même inconcevable que le Sommet se tienne à Tunis avec un bilan aussi déplorable en matière de liberté et avec une ligue, pilier de la société civile tunisienne indépendante, paralysée.

Nous appelons le gouvernement tunisien à respecter ses engagements relatifs aux libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et d’association, garanties par les instruments internationaux ratifiés par la Tunisie, à nouveau formulés lors de la première phase du Sommet en décembre 2003.

Par ailleurs, nous appelons les gouvernements qui se réuniront à Tunis en novembre 2005 pour la deuxième phase du Sommet à reconnaître la gravité de cette situation et à agir pour que le gouvernement tunisien respecte enfin ses engagements internationaux.

Les signataires :

 Association internationale pour le soutien aux prisonniers politiques (AISPP)
 Ligue pour les écrivains indépendants (LEL)
 Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT)
 Observatoire pour la liberté de la presse, la publication et la créativité
 Raid-ATTAC Tunisie
 Association tunienne de lutte contre la torture (ALTT)
 Centre Tunisien pour l’Indépendance de la JusticeCIJT)
 Comité pour le respect des Libertés et des droits del’Homme en Tunisie (CRLDHT)
 Syndicat des Journalistes tunisiens (SJT)
 Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH)

 Article 19
 Association des Journalistes Transfrontaliers (AJT)
 Association for Progressive Communications (APC)
 Canadian Journalists for Free Expression (CJFE)
 Communication Rights in the Information Society (CRIS)
 Comunica-ch (Swiss coalition for WSIS)
 Deutscher Journalisten-Verband
 Organisation Egyptienne des droits de l’Homme
 Euromed Network
 Index on Censorship
 Fédération internationale des ligues des droits de l’HommeFIDH)
 Fédération internationale des Journalistes (IFJ)
 International Federation of Library Associations and -Institutions/Free Access to Information and Freedom of Expression (IFLA/FAIFE)
 International PEN
 International PEN - Writers in Prison Committee (WiPC)
 International Publishers’ Association (IPA)
 Journalistes en Danger (JED)
 Ligue française des Droits de l’Homme et du Citoyen (LDH)
 Media Institute of Southern Africa (MISA)
 PEN Norway
 Rights and Democracy
 World Association of Community Radio Broadcasters (AMARC)
 World Association of Newspapers (WAN)
 Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)
 World Press Freedom Committee

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