La Commission reste silencieuse sur la Côte d’Ivoire et le Darfour

La FIDH, accompagnée de représentants de ses ligues membres du Soudan, du Tchad, du Cameroun, de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de Guinée, du Rwanda et de Guinée Bissau, était présente à Dakar à l’occasion de la 36ème session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples pour faire part de ses préoccupations quant à la situation des droits de l’Homme sur le continent.

A la lecture de la Déclaration finale de la 36ème session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, la FIDH regrette vivement que les situations d’urgence en Côte d’Ivoire et au Soudan n’aient pas fait l’objet d’une position publique des commissaires. L’impératif de protection des victimes figure pourtant parmi les objectifs prioritaires de la Commission. Celle-ci a manqué une occasion importante d’adresser aux Etats concernés, aux mouvements d’opposition armée et à l’Union africaine le message qui s’imposait.

La FIDH déplore également qu’aucune position n’ait été adoptée par la Commission sur la décision des chefs d’Etat de l’Union africaine prise en juillet 2004 d’intégrer la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples au sein de la Cour africaine de Justice. Cette décision risque pourtant de saper la mise en place immédiate d’une Cour des droits de l’Homme indépendante malgré l’entrée en vigueur de son Protocole en janvier 2004.

De même, la FIDH s’inquiète du silence de la Commission sur des questions de première importance pour la protection des droits de l’Homme en Afrique, notamment la violation des droits des femmes, la lutte antiterroriste, la peine de mort, les menaces et harcèlements contre les défenseurs des droits de l’Homme.

Enfin, la FIDH déplore l’accueil chaleureux réservé à M. Paul Kagamé, président du Rwanda, par la Commission et les représentants des États au moment même où ses troupes reprenaient pieds en République démocratique du Congo pour y mener des affrontements armés qui ont déjà entraîné plus de 100 000 réfugiés et personnes déplacées. La FIDH regrette également que l’examen du rapport de l’État rwandais devant la Commission n’ait pas été l’occasion pour celle-ci de se prononcer publiquement sur les graves violations aux libertés fondamentales au Rwanda, notamment celles relatives à la liberté d’association [1].

Néanmoins, la FIDH se félicite de l’adoption d’une résolution sur les droits économiques, sociaux et culturels en Afrique reprenant les recommandations du séminaire de Pretoria organisé en septembre 2004, auquel la FIDH a participé. Par cette résolution, la Commission « note que les droits économiques, sociaux et culturels restent marginalisés dans leur application » et décide la mise en place d’un Groupe de travail composé de membres de la Commission et d’ONG chargé d’élaborer des lignes directrices sur ce thème.

La FIDH accueille aussi favorablement la création d’un mécanisme permanent pour les réfugiés, demandeurs d’asile et déplacés en Afrique.

Mais la FIDH ne peut que s’inquiéter de ces pâles résultats alors que la situation des droits de l’Homme en Afrique appelle la mobilisation de toutes les énergies, à commencer par celle de l’instance censée au premier chef veiller à leur respect.

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