Un an après, toute la lumière doit encore être faite sur les circonstances de sa mort

Le 27 décembre 2008, Maître Nganatouwa Goungaye Wanfiyo, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme, décédait dans un accident de voiture. Un an plus tard, les circonstances de celui-ci demeurent troubles et ne peuvent écarter les probabilités d’un assassinat.

Maître Goungaye Wanfiyo avait consacré sa vie à la promotion et la protection des droits de l’Homme dans son pays, la République centrafricaine (RCA), et s’est battu, avec un franc-parler qui le caractérisait, contre toutes les violations des droits de l’Homme commises par toutes les parties aux différents conflits qui ont ravagé son pays. Depuis 2002, il bravait tous les dangers pour garantir le droit à la justice pour les victimes des crimes commis lors du coup d’Etat du Général Bozizé. Face au manque de volonté et de capacité de la justice de son pays, il a joué, par son engagement sans faille, un rôle crucial dans l’ouverture d’une enquête par la Cour pénale internationale (CPI) sur ces crimes, et a contribué à informer et sensibiliser la société civile et les victimes centrafricaines sur le travail de cette juridiction internationale. Il soutenait la participation de plusieurs dizaines de victimes ou familles de victimes d’exécutions sommaires, de viols, de pillage, dans la procédure engagée par la CPI sur la situation en RCA. C’est d’ailleurs en revenant d’une mission à Bossangoa destinée à recueillir le témoignage de victimes que Maître Goungaye Wanfiyo a trouvé la mort dans la nuit du 27 décembre 2008.
Son activisme, son professionnalisme et son courage pour dénoncer les violations des droits de l’Homme en RCA et appeler à lutter contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves, indispensable préalable à une paix durable, lui a valu de nombreux ennemis, y compris aux plus hauts rangs de l’Etat. Maître Goungaye Wanfiyo a été plusieurs fois menacé de mort, arrêté arbitrairement et faisait l’objet d’une surveillance constante des forces de sécurité.

Le rapport d’enquête de la police centrafricaine sur la mort de Maître Goungaye Wanfiyo est truffé de contradictions et d’approximations. Aucune autopsie du corps n’a été réalisée malgré la demande de la famille. Le principal témoin de l’accident dit ne plus se souvenir des faits et circonstances. Les secours sont arrivés très tardivement après l’accident.
Une procédure judiciaire a été ouverte à Bangui contre le chauffeur du camion dans lequel se serait encastrée la voiture de Maître Goungaye Wanfiyo.
La FIDH et ses 155 organisations membres rendent hommage à Maître Goungaye Wanfiyo, grand militant des droits de l’Homme, droit, intègre et courageux, et renouvelle son soutien à toute sa famille.

La FIDH exige que toute la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de Maître Goungaye Wanfiyo et que les responsabilités soient établies à l’occasion du procès qui doit s’ouvrir à Bangui en mars 2010. Dans le cas contraire, la FIDH se réservera la possibilité de demander des éclaircissements devant la justice. La FIDH n’oubliera pas Maître Goungaye Wanfiyo.

Voir en ligne : « Nous perdons un grand militant des droits de l’homme. En Afrique il n’y en a pas beaucoup ! » Sidiki Kaba Président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH)
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