Terrains défrichés, droits piétinés

Le gouvernement cambodgien et des entreprises européenne et cambodgienne impliquées dans un conflit de droits de l’Homme

Au Cambodge, les droits des populations autochtones ne pèsent pas lourd face aux sociétés agro-industrielles et au gouvernement cambodgien. C’est ce qu’établit un rapport de mission internationale d’enquête de la FIDH qui s’est penchée sur les impacts des plantations industrielles d’hévéa opérées par l’entreprise Socfin-KCD à Bousra dans la province de Mondulkiri à l’est du pays. Socfin-KCD est une joint venture détenue à 20% par une entreprise de construction cambodgienne proche du pouvoir et à 80% par une société holding basée au Luxembourg (Socfinasia), elle-même détenue par d’autres sociétés holdings administrées par le groupe Bolloré et les familles belges de Ribes et Fabri.

Socfin-KCD exploite deux concessions totalisant environ 7000 hectares qui affectent plus de 850 familles autochtones Bunong pratiquant une agriculture traditionnelle itinérante, qui ont du quitter leurs terres agricoles. Le rapport met en lumière le manque de transparence et les irrégularités qui ont entouré l’octroi des concessions, l’absence d’une véritable consultation et de compensation adéquate des communautés autochtones expulsées par les concessions et la destruction de sites sacrés et ancestraux des Bunong.

« Face à la pression et sans être consultées préalablement, la majorité des familles n’ont eu d’autre choix que d’accepter de vendre leur terre pour un prix dérisoire. Avec la perte de leurs terres et la destruction de sites ancestraux, les communautés se retrouvent aujourd’hui dans une situation de vulnérabilité extrême », souligne Thun Saray, Président de l’ADHOC (Association pour les droits de l’homme et le développement au Cambodge - organisation membre de la FIDH au Cambodge).

« Nous demandons au gouvernement cambodgien d’appliquer un moratoire immédiat sur toutes les concessions foncières à vocation économique et à Socfin-KCD de suspendre ses opérations, revoir les compensations offertes aux familles affectées et prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir les droits des Bunong, la protection de leurs traditions et le maintien durable de leurs moyens de subsistance », a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.

La FIDH appelle aussi les Etats européens, et particulièrement le Luxembourg, la France et la Belgique, à interpeller la responsabilité des sociétés sous leur juridiction pour des violations de droits de l’Homme commises à l’étranger.

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