RDC : Tout faire pour que le pays ne sombre pas dans le conflit

05/12/2011
Communiqué
RDC

A la veille du prononcé des résultats de l’élection présidentielle, la FIDH et ses organisations membres, la LE, l’ASADHO et le Groupe LOTUS, font appel à la responsabilité de l’ensemble des acteurs locaux et internationaux pour stopper les tensions et violences qui pourraient plonger le pays dans la guerre civile.

« Nos organisations ont toutes les craintes que le processus électoral débouche sur un conflit » a déclaré Dismas Kitenge, Vice président de la FIDH et président du Groupe Lotus. Alors que les élections présidentielles devaient consacrer le libre choix des citoyens et affirmer l’adhésion des institutions aux principes démocratiques, le processus électoral a été marqué par d’importantes irrégularités : refus du pouvoir de procéder à un audit du fichier électoral, répression sévère des manifestations des partis d’opposition réclamant cet audit, des actes de violence entre les partisans de partis politiques instigués notamment par des discours haineux de candidats à la présidentielle (au moins 34 morts et plus de 100 blessés les deux jours précédant le vote), menaces et intimidation exercées contre un candidat d’opposition, violations des droits de l’Homme commises par les forces de l’ordre et de sécurité.

Dans ce contexte de vive tension et de violences, le déroulement du vote le 28 novembre a lui aussi été entaché par d’évidentes irrégularités et des manipulations, comme constatées par les plus de 300 observateurs déployés dans tout le pays par la LE, le Groupe Lotus et l’ASADHO, avec la collaboration et le soutien de la FIDH ou encore par l’Observatoire des manifestations publiques : retards quasi généralisés dans l’ouverture des bureaux de vote, arrivée tardive du matériel électoral, insuffisance des bulletins de vote, délocalisation des électeurs dans plusieurs bureaux de vote, entrave à l’accès de certains bureaux de vote, falsification de bulletins, bulletins pré-remplis, pressions sur certains électeurs pour qu’ils votent en faveur d’un candidat, bourrage d’urnes, absence d’élections le jour prévu dans certaines localités, refus d’accès aux observateurs dans certains bureaux de vote, etc.

Depuis ce jour, la tension est à son comble suite notamment à l’annonce par la CENI de résultats partiels – contestés par l’opposition, donnant le président sortant vainqueur des élections ; un couvre feu a été établi à Mbuji-Mayi ; la garde républicaine a été déployée à Lubumbashi au Katanga ; le service des SMS a été suspendu, le réseau de télécommunications est fortement perturbé. De nombreuses personnes ont traversé le fleuve pour se rendre à Brazzaville craignant des combats à l’annonce des résultats définitifs. «  Le pays semble se préparer au pire. Les acteurs locaux et internationaux doivent réagir immédiatement sous peine de porter la responsabilité de graves violations des droits de l’Homme », a affirmé Paul Nsapu, Secrétaire général de la FIDH et Président de la LE.

Nos organisations :
 demandent aux candidats à la présidentielle de tenir publiquement et à l’adresse de leurs partisans un discours d’apaisement avant et après l’annonce des résultats du scrutin ;
 appellent la CENI à remplir son mandat avec toute l’indépendance et l’intégrité requises ;
 demandent que toute éventuelle contestation des résultats se fasse par la voix légale appropriée ;
 appellent le Conseil de sécurité, la MONUSCO et l’Union africaine à durcir leurs discours pour condamner toute violence et manipulation électorale en RDC et exiger le respect de l’expression de la volonté populaire et des conventions internationales de protection des droits de l’Homme ainsi qu’à assurer la protection des populations civiles conformément à leurs mandats respectifs ;
 exigent que tous les auteurs et responsables de violations des droits de l’Homme, y compris éléments des forces de l’ordre et de sécurité, soient poursuivis et jugés ;
appellent la Cour pénale internationale à rappeler sa compétence pour tous les crimes internationaux commis dans le pays ;
 recommandent à l’Église catholique, qui a déployé plus de 30 000 observateurs dans tout le pays, de rendre publiques ses conclusions dans les meilleurs délais.

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