RDC – Graves violences à l’approche de l’élection présidentielle. Les candidats se doivent d’être exemplaires et d’appeler leurs militants au calme

A l’approche de l’élection présidentielle prévue le 28 novembre, la FIDH et ses organisations membres, l’Asadho, le Groupe Lotus et la Ligue des électeurs, dénoncent la multiplication des affrontements violents entre militants des partis politiques, des exactions commises par des éléments des forces armées et de sécurité et des propos tenus par des hautes personnalités politiques qui attisent la haine et la violence.

A titre d’exemples. Le 28 octobre 2011 à Mbuji Mayi, dans la Province du Kasai Oriental, une manifestation des membres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti du candidat Etienne Tshisekedi, a été violemment réprimée par les gardes de corps du Gouverneur de la province, Monsieur Alphonse Ngoy Kasanji, se soldant par la mort d’une fillette de 9 ans et d’un garçon de 14 ans et l’arrestation de plusieurs militants. Le lendemain, dans la même ville, un militant de l’opposition a été abattu par les mêmes éléments de sécurité.

Le 3 novembre, un militant proche de l’Union pour la Nation Congolaise, a été arrêté, torturé et ligoté par des éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo avant d’être amené à la direction de la 10ème Région Militaire. Il lui était reproché de parler en public de M. Vital Kamerhe comme étant le candidat favori dans la province du Sud Kivu.

Du 4 au 6 novembre, à Lubumbashi dans la province du Katanga, de graves incidents ont éclaté entre des militants de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (UNAFEC), du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD – parti au pouvoir) et de l’UDPS faisant un mort et de nombreux blessés.

Le 6 novembre, Monsieur Fabrice Masumbuko Mumphiritsa, un musicien traditionnel proche du candidat Vital Kamerhe, a été enlevé et torturé par des militaires non autrement identifiés.

Le 9 novembre, le cortège du candidat Vital Kamerhe, a été empêché d’entrer dans la ville de Kikwit par un groupe de jeunes sportifs dénommé « Bato ya makasi » armés de machettes, bouteilles et autres armes blanches. Lors de la confrontation qui s’en est suivie, un jeune homme a été poignardé à la tête et est actuellement en soins intensifs.

Nos organisations craignent que ces violences s’intensifient et dégénèrent en violations graves et massives des droits de l’Homme. « Le pays est sous haute tension. Il ne faudrait pas qu’une étincelle vienne enflammer ce pays qui a déjà connu trop de souffrances. Les autorités nationales, les dirigeants des partis politiques et la communauté internationale ont un rôle important à jouer pour appeler au calme et faire savoir que tout responsable d’exaction sera poursuivi et jugé » a déclaré Paul Nspau, Secrétaire général de la FIDH.

Par ailleurs, nos organisations condamnent les propos tenus par certaines hautes personnalités politiques qui attisent les tensions et mettent en péril le processus électoral. Notamment, elles condamnent la déclaration de M. Gabriel Kyungu, dirigeant de l’UNAFEC et président de l’Assemblée provinciale du Katanga, faite sur l’antenne de Radio France International selon laquelle les sièges à l’Assemblée Nationale octroyés à chaque province doivent être occupés par des personnes originaires de provinces. Elles condamnent également l’intervention de M. Etienne Tshisekedi, à la Radio Lisanga TV au cours de laquelle il s’est autoproclamé président de la République Démocratique du Congo.

« Nos organisations appellent les candidats à la présidentielle et autres hautes personnalités politiques du pays à la responsabilité. Il est de leur devoir de garantir un processus électoral apaisé et régulier conforme aux dispositions des conventions internationales de protection des droits de l’Homme en la matière », a insisté Jean-Claude Katende, président de l’Asadho.

A cet égard, nos organisations saluent la déclaration du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, visant à prévenir de nouveaux crimes, appelant toutes les parties au processus électoral à ne pas céder à la tentation de la violence, rappelant que la CPI a compétence pour enquêter et poursuivre les auteurs de crimes graves commis sur le territoire de la République démocratique du Congo depuis le 1er juillet 2002.

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